Explosion des dépenses, dette massive, gestion floue : l’État fait une pause pour remettre de l’ordre.
Le couperet est tombé. Le ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima, a suspendu jusqu’à nouvel ordre tous les paiements liés aux baux administratifs. Objectif : enrayer une dérive budgétaire jugée incontrôlable.
Selon une note ministérielle datée du 16 mai 2025, les loyers versés par l’État sont passés de 6,7 à plus de 25 milliards FCFA par an entre 2013 et 2025, soit une hausse annuelle moyenne de 37 %. À cette flambée s’ajoute une dette cumulée de 67 milliards FCFA, dont 28,3 milliards d’arriérés.
Face à cette situation, Henri-Claude Oyima dénonce une “gestion peu orthodoxe” des budgets publics. Il pointe du doigt la multiplication des entités administratives, le manque de bâtiments neufs, l’absence d’entretien, ainsi que la disparition de la Cité de la démocratie, ancien pôle administratif.
Dans l’attente d’un audit complet, tous les paiements sont gelés. Le gouvernement veut passer au crible la légalité, les conditions et les montants des contrats en cours. Dans le viseur : surfacturations, loyers excessifs, contrats irréguliers.
Depuis avril 2021, un décret encadre les loyers : 15 000 FCFA/m² à Libreville, 500 000 FCFA TTC pour les logements. Il interdit aussi toute location si un bâtiment public est disponible. Des règles visiblement peu respectées.
Parallèlement, l’État accélère la réhabilitation de son parc immobilier. Plus de 400 bâtiments sont actuellement en chantier à Libreville. Une nouvelle cité administrative est également en construction à Plaine-Orety, avec pour ambition de regrouper les services publics et de réduire la dépendance aux locations.
Avec cette mesure choc, Henri-Claude Oyima entend rétablir la discipline budgétaire. Il prévient : ses instructions devront être suivies “scrupuleusement”.
N. M