En recentrant les bourses d’études à l’étranger, le président Brice Clotaire Oligui Nguema rompt avec une logique élitiste longtemps tolérée. Il s’agit d’une question de justice sociale, d’efficacité budgétaire et de souveraineté intellectuelle.
Pendant des années, la politique des bourses à l’étranger au Gabon a bénéficié à une minorité, sans faire l’objet d’un véritable débat public. Envoyer des étudiants aux États-Unis ou au Canada aux frais de l’État était devenu une norme tacite, au détriment de l’équité.
Le président Oligui Nguema a posé la question que personne n’osait poser. Était-ce juste ? Il y a répondu sans détour, dépenser des milliards pour quelques privilégiés, alors que la majorité des jeunes manquent de moyens, relève d’un profond déséquilibre. Il a choisi d’y mettre un terme.
Une seule bourse en Amérique du Nord peut coûter autant que dix sur le continent africain. Pourtant, ces étudiants, souvent issus de milieux favorisés, ne reviennent pas toujours au pays, privant ainsi le Gabon de compétences essentielles. L’État y investit à perte, tout en négligeant son propre système éducatif.
Contrairement à certaines affirmations, les bourses à l’international ne sont pas supprimées, mais réorientées vers des destinations stratégiques en Afrique — comme le Maroc, le Ghana ou le Sénégal. Ces pays offrent une formation de qualité à des coûts raisonnables, et présentent un taux de retour plus élevé des étudiants.
Parallèlement, le gouvernement investit dans l’enseignement local, les infrastructures universitaires, la revalorisation des bourses nationales et la relance des concours publics. Il s’agit de construire une élite nationale ancrée dans les réalités du pays
Cependant, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a dénoncé cette réforme. Comment comprendre que ceux qui, hier encore, furent les artisans d’un silence complice puissent aujourd’hui se poser en donneurs de leçons ? Sous sa gestion, les concours ont pourtant été gelés et les bourses lycéennes supprimées. Il est donc difficile de le considérer comme un véritable défenseur des étudiants.
En revanche, Oligui Nguema agit là où d’autres se sont contentés de rester inactifs. Cette réforme dérange parce qu’elle remet en question des privilèges bien établis. Mais elle traduit également une volonté politique de réduire les inégalités, de valoriser le mérite et de renforcer l’autonomie du pays.
Le Gabon ne renonce pas à l’ouverture, mais choisit d’en maîtriser le sens. Plutôt que de fermer les portes de l’avenir, il les réoriente vers ses propres priorités. La réforme des bourses, ni populiste ni punitive, repose sur la volonté de former une élite au service du pays.
Dans un contexte africain marqué par la fuite des cerveaux, cette décision pourrait bien faire école auprès d’autres nations.
Gouverner, c’est trancher. Dans la 5eme République, le choix est fait au nom de la justice, de l’efficacité et de la souveraineté.
Jean 1er