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Forum Économique du Gabon : Le Président du CGP Plaide pour un ‘Small Business Act’ et une Croissance à Deux Chiffres

À la suite du Forum économique du Gabon tenu les 7 et 8 juillet, Francis Jean Jacques Evouna, Président du Conseil Gabonais du Patronat, plaide pour un changement structurel en faveur des TPE et PME. Entre propositions concrètes et diagnostic sans détour, il appelle à un environnement des affaires plus simple, stable et sécurisé, condition sine qua non pour atteindre l’ambitieuse croissance à deux chiffres visée par le gouvernement.

 

Ginews : Monsieur le Président, vous venez de participer au Forum économique du Gabon organiser par le Gouvernement c’est-à-dire, le Vice-Président du Gouvernement et le Ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances. En tant qu’économiste, Chef d’entreprise, homme de terrain et Président du Conseil Gabonais du Patronat, qu’attendez-vous de celui-ci ?

Francis Jean Jacques EVOUNA: Bonjour et merci pour votre intérêt envers ma modeste personne après un évènement aussi important pour le Gabon de vouloir obtenir mon sentiment et certainement comme vous le dites nos attentes en réalité celles des TPE et PME Gabonaises à travers moi. Avant de répondre à votre question, il importe de commencer par vous dire que l’économie est définie comme la gestion des ressources rares et parfois aussi comme la discipline des choix rationnels, et c’est le choix qui est au cœur de tous les mécanismes économiques. L’économie est devenue un des thèmes majeurs de notre vie quotidienne comme les déficits budgétaires, la dette, le chômage etc., de notre actualité, et chacun de nous peut comprendre aujourd’hui qu’un battement d’aile de papillon à la bourse de Tokyo peut déclencher une crise économique majeure dans d’autres pays. Il est donc impérieux que les pays ajustent leurs politiques économiques, sociales et bien d’autres, d’où de tels forums. Pour ce qui est du Président du CGP que je suis, piloter un organisme patronal est un engagement lourd et une très grande responsabilité puisque les adhérents qui vous ont élu vous font confiance pour les défendre. C’est aussi un honneur de représenter cette population des forces vives de la nation, parfois oubliées et mêmes décriées au Gabon ; alors que ce sont les pionniers, les explorateurs, des guerriers, hommes et femmes qui génèrent richesses et emplois pour le pays. Venant précisément à votre question, ce que nous attendons de ce Forum est que le Gouvernement affirme le rôle social et sociétal des TPE et PME qui est fondamental pour atteindre la croissance pour le Gabon, pour son économie et pour sa place dans la bataille économique que se livrent les nations. Il doit prendre conscience de la nécessité d’amplifier la création d’entreprises car ce sont elles qui génèrent les richesses et créent de l’emploi, ainsi que de favoriser l’investissement et l’innovation. Cela doit aller dans le bon sens mais il faudra accompagner le mouvement dans les années qui viennent pour en rendre les effets réellement perceptibles et être capable d’espérer une croissance à deux chiffres (10%) tel que l’ambitionne le gouvernement. La croissance n’est pas imposée de l’extérieur, il faut aller la chercher, il faut la générer. Il est donc plus qu’urgent voire impératif de créer un environnement des affaires 5 S, c’est-à-dire: Simple; Stable, Serein fiscalement; Souple socialement et Sécurisé juridiquement. Et même pour les investisseurs étrangers pour lesquels une justice impartiale serait la clé d’une véritable attraction du Gabon pour leurs capitaux.

Monsieur le Président ! Qu’elles ont été vos propositions concrètes pour bâtir un tissu de PME et de PMI efficaces dans notre pays?

Je voudrais vous dire qu’en économie, la croissance est une muse bienfaitrice, c’est pourquoi, il est vraiment plus qu’urgent de régler les problèmes du pays en lui donnant à la fois un cap, la compétitivité, la confiance et la cohérence, payer la dette intérieure aux entreprises pour bâtir ce tissu de PME/PMI efficaces. J’ai proposé au Gouvernement la mise en place d’un Plan d’action national en faveur des PME en dix points essentiellement à savoir: Promouvoir l’esprit d’entreprise et l’entrepreneuriat; Adapter la réglementation aux évolutions du marché du travail; Promouvoir une réglementation intelligente; Améliorer la qualité du service public et promouvoir la simplification administrative; Rendre le financement plus accessible aux PME; Soutenir le développement économique et sectoriel du Gabon; Rapprocher l’enseignement du monde des entreprises et accroître la qualification professionnelle des salariés; Mettre en place un environnement propice à l’innovation et à la recherche; Promouvoir les technologies de l’environnement et enfin Permettre aux PME Gabonaises de s’internationaliser. En plus, il me semble important de créer un « Small Business Act » pour favoriser l’accès des TPE-PME Gabonaises aux marchés publics en revisitant toute la législation économique. Il me paraît tout aussi utile de reparamétrer notre économie en la diversifiant vers l’industrialisation et en tenant compte de la dimension de notre marché intérieur. Pour promouvoir les TPE-PME, plusieurs solutions pertinentes peuvent être mises en œuvre, allant du soutien financier à l’amélioration de la gestion et de la compétitivité.

Président, votre mot de fin ?

Les PME jouent un rôle particulièrement important dans les pays en développement. Elles constituent une source majeure d’emplois, de revenus et de recettes à l’exportation. Si elles ont à faire face aux mêmes diffcultés que les PME du reste du monde, les PME des pays en développement pâtissent plus encore que les autres de la piètre qualité des capacités humaines et institutionnelles mises à leur disposition et tardent à recueillir tous les bénéfices qu’elles sont en droit d’attendre des pouvoirs publics. Les difficultés auxquelles elles se heurtent sont notamment : Leur faible capacité de faire entendre leur voix au stade de la formulation de l’action gouvernementale et l’absence de dialogue institutionnalisé entre les secteurs public et privé que nous commençons à percevoir. Des préjugés défavorables à propos du secteur privé et une défiance réciproque entre les secteurs public et privé. L’absence de législation adéquate sur les droits de propriété et de moyens pour la faire respecter, qui compromet l’accès au crédit, en particulier pour les femmes. Le manque d’informations (sur les marchés, les normes, les barrières à l’entrée et à la sortie et les obstacles interdisant l’accès aux marchés), de données statistiques pertinentes et d’institutions de soutien. La prépondérance des entreprises détenues par l’État et le rôle prédominant du secteur public dans la promotion des exportations et de l’investissement. Le pourcentage élevé de micro-entreprises, le poids du secteur informel et la complexité des réglementations, l’absence
d’incitations pour les entreprises du secteur informel à rejoindre le secteur formel. Pour terminer, il est crucial de faciliter l’accès au financement, de stimuler l’innovation, d’encourager la digitalisation, d’optimiser la gestion des ressources humaines et de simplifier les démarches administratives, de payer la dette intérieure. De plus, des actions de formation et de développement des compétences, ainsi que des mesures pour renforcer la résilience face aux crises, sont essentielles. Je pense que les nouvelles autorités gabonaises sont plus conscientes des enjeux de développement du pays.

Ethan De Sillon

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