À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Gabon, le président Brice Clotaire Oligui Nguema s’est adressé à la Nation. Un discours fort, entre hommage historique, rupture politique et promesses d’avenir. Décryptage.
La solennité était de mise, ce 16 août au soir. À la veille de la fête nationale, Oligui Nguema, premier président élu de la Vᵉ République, a parlé au nom de la mémoire collective. D’entrée de jeu, il a planté le décor : « À la veille de ce jour sacré du 17 août », a-t-il lancé, « je nous invite à un voyage entre le passé et l’avenir ». Un rappel aux racines. Une main tendue vers les générations futures.
Il a salué les héros de l’indépendance, les figures fondatrices, les oubliés de l’histoire aussi. Anubangui Shari, Wongo, Leomba, Ogula Ikoakwa. Des noms lourds de symboles. Le président veut réconcilier mémoire et avenir.
Son élection d’avril dernier. Une suite logique à la transition lancée le 30 août 2023. Une étape historique, selon lui, qui a permis au pays de retrouver confiance. Il revendique une élection « libre, transparente et apaisée ». Et fixe le cap. Les législatives et locales doivent suivre le même chemin.
Mais surtout, Oligui veut rompre. Rompre avec la politique du clan, du clientélisme. « La géopolitique ne doit plus dicter la gouvernance », a-t-il martelé. Finie l’ère des nominations ethno-régionalistes. « La compétence primera désormais », promet-il. Un virage majeur. Un appel direct à l’élite pour qu’elle joue le jeu du mérite.
« Notre Vᵉ République sera celle de la souveraineté économique », affirme-t-il avec force. Objectif : que les Gabonais prennent le contrôle de leurs ressources. Le président annonce la couleur, il vise un taux de croissance de 10 %.
Il tend la main aux investisseurs, mais sous condition. Le partage. Une logique « gagnant-gagnant ». Créer des emplois, générer de la richesse, mais dans l’équité. Avec méthode. Avec discipline.
Oligui Nguema insiste sur les efforts de la transition. Des dettes sociales réglées. Des chantiers lancés. Une économie qui reprend vie. Pour lui, c’est déjà une victoire.
Mais il appelle à la patience. « Nous ne pouvons tout faire en même temps », prévient-il. Le développement doit suivre une stratégie claire, basée sur les priorités. Une promesse forte : « Aucune région ne sera oubliée ». Chaque province doit avoir sa part du progrès.
Dans un ton plus intime, presque spirituel, le président parle de foi, de paix et d’unité. « Le patriotisme est notre force », dit-il. Il appelle chaque Gabonais à dépasser les divisions. À travailler ensemble. À croire en ce « Gabon nouveau ».
Il termine sur un souffle, hommage aux travailleurs, aux jeunes, aux femmes, aux anciens. « Dans ce pays à reconstruire, chacun a un rôle à jouer », déclare-t-il. Avant de conclure, solennel : « Vive le Gabon, vive la Vᵉ République. »
Le président Brice Clotaire Oligui Nguema incarne une nouvelle manière de gouverner. Il s’appuie sur l’héritage historique du pays pour ancrer sa légitimité, tout en affirmant une volonté claire de rupture avec les pratiques du passé. Cette double posture lui permet de rassurer une opinion longtemps méfiante, sans renier les fondements de la nation.
Sa vision repose sur l’action plus que sur les discours. Il refuse la politique politicienne, préfère parler de résultats concrets. Il s’adresse à tous, aux élites, qu’il appelle à la responsabilité, comme au peuple, qu’il remet au centre du projet national. Il veut un pays debout, plus juste, plus compétent, capable de répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Sans jamais verser dans la démagogie, son discours trace une ligne claire. Ce n’est pas une série de promesses, mais une direction, un cap assumé. La transformation se veut progressive, mais déterminée. Les résultats viendront avec le temps, mais une chose est déjà évidente, un ton nouveau a été donné. Celui d’un leadership sobre, déterminé, et tourné vers l’intérêt général.
Jean 1er