Condamnés à un an de prison, dont six mois avec sursis, Thiam Chiekou et son neveu Nzue Obame paient aujourd’hui le prix d’une altercation violente née d’un litige foncier explosif au Cap Estérias. Une affaire pénale qui révèle surtout les failles persistantes du système foncier gabonais.
Le tribunal correctionnel de Libreville a rendu le mercredi 26 novembre, un verdict très attendu, Thiam et son neuveu ont été reconnus coupables d’agression et condamnés chacun à un an d’emprisonnement, dont six mois avec sursis, ainsi qu’à 100 000 FCFA d’amende. Nzue Obame devra en outre verser plus d’un million de FCFA aux parties civiles. Une décision qui met fin au procès, mais pas aux nombreuses questions qu’il soulève.
Au cœur de l’affaire demeure le foncier. Tout est parti d’une parcelle du Cap Estérias revendiquée par Thiam Chiekou sur la base d’un titre foncier dont l’authenticité a été contestée par l’ancien ministre de l’Habitat, Ludovic Ménie, dépêché sur place par la présidence. C’est dans ce climat déjà tendu que l’incident a éclaté.
Dès l’ouverture des débats, les joutes procédurales ont animé l’audience. Les avocats des victimes ont tenté de faire déclarer le tribunal incompétent, estimant que la gravité des faits relevait d’une autre juridiction. La cour a rejeté leur requête. La défense a répliqué qu’un tel changement aurait dû entraîner la remise en liberté de leurs clients, détenus depuis plus d’un mois.
Le procureur a évoqué une intention clairement violente. Menaces de mort, essence répandue par le prévenu sur son propre corps, tension extrême. Thiam reconnaît le geste mais nie avoir visé les plaignants, invoquant la légitime défense. Le ministère public avait requis un an ferme et une amende plus lourde. Le tribunal a finalement retenu une peine plus clémente, mais symboliquement significative.
Si la sanction pénale est désormais fixée, le véritable enjeu demeure le litige foncier. Tant que la question de la propriété ne sera pas tranchée, l’affaire Thiam restera l’illustration d’un système foncier gabonais miné par les contestations et l’incertitude.
Edouard Dure
