Après cinq ans de silence, l’ancien bras droit d’Ali Bongo sort de l’ombre. Dans un témoignage explosif, Brice Laccruche Alihanga accuse directement Noureddin Bongo d’avoir voulu instaurer une monarchie familiale. Un refus, selon lui, qui lui a coûté sa liberté.
L’image est saisissante, celle d’un ancien homme fort du régime devenu prisonnier politique. Ce 4 août 2025, sur le plateau de TV5 Monde, Brice Laccruche Alihanga est revenu sur sa descente aux enfers. L’ex-directeur de cabinet du président Ali Bongo affirme avoir payé le prix fort pour avoir dit non à une transmission héréditaire du pouvoir.
« Mon grand-père était président, mon père est président, je serai président. Es-tu avec moi ou contre moi ? »
La scène se passe en novembre 2019. Ali Bongo, affaibli par un AVC survenu un an plus tôt, est de plus en plus absent. Son fils, Noureddin Bongo Valentin, s’impose dans les rouages de l’État. Ce jour-là, il convoque Laccruche et lui pose cette question sans détour. Le refus est immédiat.
« À ce moment précis, j’ai signé mon arrêt de mort. »
Quelques semaines plus tard, Laccruche est arrêté. Inculpé pour détournements de fonds publics, il passera plus de quatre ans derrière les barreaux. Mais pour lui, le dossier judiciaire n’était qu’un prétexte. Ce qu’on lui reproche vraiment, dit-il, c’est son refus de se soumettre à un projet dynastique.
Proche du pouvoir via l’AJEV, le mouvement qu’il dirigeait, Laccruche admet s’être longtemps trompé. Il qualifie désormais le régime Bongo de « mafia politique ».
« C’est un cartel. Un pouvoir verrouillé. Et quand vous ne suivez pas la ligne, on vous détruit. »
Il dit avoir voulu réformer le système de l’intérieur, mais s’être heurté à un mur. Aujourd’hui, il se positionne comme un homme nouveau. Membre du Conseil stratégique de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), il se dit aligné avec la vision du président Brice Clotaire Oligui Nguema.
Sa libération, son retour dans le débat public, son ralliement à une nouvelle mouvance réformatrice : tout laisse penser que Laccruche prépare son avenir politique. Certains y voient une tentative de réhabilitation. D’autres, une manœuvre plus opportuniste.
Mais une chose est sûre, en brisant l’omerta, Brice Laccruche Alihanga s’attaque frontalement à l’héritage Bongo et se repositionne au cœur du jeu.
« J’ai tout perdu, mais j’ai retrouvé ma voix. Je ne servirai jamais un pouvoir personnel, illégitime et héréditaire. »
Ce témoignage pourrait bien rebattre les cartes dans un paysage politique gabonais en pleine recomposition. La parole de Laccruche, longtemps redoutée, est aujourd’hui libre et pourrait faire des vagues.
Edouard Dure