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Conseil des ministres du 20 juin 2025 : Oligui Nguema impose une nouvelle culture de gouvernance

Sobriété, efficacité, responsabilité. Trois maîtres mots qui résument le ton donné par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, lors du Conseil des ministres du 20 juin 2025. En s’attaquant à des pratiques longtemps dénoncées, privilèges injustifiés, dépenses excessives, gestion opaque, le chef de l’État entend poser les bases d’un nouveau modèle de gouvernance publique, tourné vers le service de l’intérêt général.

La transformation de l’appareil d’État ne peut plus attendre. Le président a fixé un cap précis à ses ministres « transformation, redressement, résultats ». Chaque membre du gouvernement devra, d’ici la première semaine de juillet, soumettre un calendrier opérationnel. Cette exigence traduit une volonté politique de passer du discours à l’action. « Le changement ne se proclame pas, il s’organise », a martelé Oligui Nguema, exprimant ainsi son rejet des effets d’annonce sans suite concrète.

Parmi les mesures concrètes adoptées lors de ce Conseil de ministres figure une réforme symbolique mais significative sur la rationalisation des frais de mission. Les voyages officiels seront désormais encadrés selon le rang protocolaire, avec une obligation de prise en charge personnelle en cas de surclassement. Une mesure qui vise autant à réduire les coûts qu’à promouvoir une culture d’exemplarité au sommet de l’État.

Dans la même logique de rigueur, le président a mis fin à la gratuité des transports instaurée pendant la crise sanitaire. Si cette décision peut susciter des inquiétudes, elle s’accompagne d’un système d’abonnement progressif, adapté aux revenus. Il s’agit de maintenir un service public accessible tout en assurant sa viabilité financière.

La suspension immédiate de toutes les nouvelles exonérations fiscales pour trois mois marque une inflexion nette dans la politique économique. Le président veut stopper ce qu’il appelle une « hémorragie budgétaire » estimée à plus de 1 000 milliards de FCFA perdus en trois ans. Un audit global des régimes dérogatoires est lancé, avec en ligne de mire la fin des privilèges inefficaces et le retour à une fiscalité juste.

Autre signal fort , celui des grandes entreprises qui auront désormais 18 mois pour implanter leur siège social au Gabon. Une exigence d’ancrage territorial qui pourrait avoir des retombées positives sur l’économie locale, en particulier sur le secteur immobilier. Les PME restent toutefois exemptées, traduisant une approche différenciée en fonction de la taille des acteurs économiques.

Dans un registre plus social, le gouvernement a salué le taux record de réussite de 98,7℅ au Certificat d’études primaires. Ce résultat, jugé encourageant, reflète selon les autorités les effets d’une relative stabilisation du système éducatif et des réformes pédagogiques en cours.

Pour soutenir le pouvoir d’achat, certaines exonérations sont maintenues notamment sur les produits de base et les matériaux de construction mais uniquement au profit des opérateurs agréés. Une façon de concilier soutien ciblé aux populations et préservation des équilibres budgétaires.

Au-delà des mesures économiques, une réforme structurelle touche désormais l’organisation des cabinets ministériels, avec une rationalisation des effectifs selon les règles du protocole. Le Gabon prendra également la présidence du Réseau des institutions anti-corruption d’Afrique centrale, un signal fort en matière de gouvernance.

Enfin, un plan d’urgence a été acté pour la gestion des débris à Plaine-Orety, une zone en mutation urbaine. Cette initiative témoigne d’un souci de gestion environnementale et sanitaire, souvent négligé par le passé.

Le Conseil des ministres du 20 juin s’inscrit dans une dynamique de rupture assumée avec les pratiques du passé. Le président Oligui Nguema entend engager l’État sur la voie de la rigueur, de la transparence et de la performance. Si la volonté politique semble aujourd’hui incontestable, la réussite de ce chantier ambitieux dépendra de la constance de l’exécution, de la capacité des ministres à transformer ces directives en actions concrètes, et de l’adhésion des populations à un modèle de gouvernance plus responsable.

N. M

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