Condamnée pour avoir détourné 16,7 millions de FCFA à la CNSS de Nkok en 2022, Audrey Mounguengui écope de dix ans de prison, dont seulement 37 mois ferme. Une décision où se croisent sévérité judiciaire, drame personnel et volonté de rétablir la confiance au sein de l’institution.
La Cour criminelle spéciale a statué. L’ancienne gestionnaire de comptes, quadragénaire et forte de quatorze ans d’ancienneté, a reconnu l’ensemble des malversation, falsifications, quittances truquées, retraits indus. À chaque opération, entre 900 000 et 4 millions de FCFA disparaissaient. Elle affirme avoir agi seule.
À la barre, Audrey Mounguengui évoque une descente aux enfers. Des dettes grandissantes, un mari gravement malade, des frais médicaux insurmontables, puis l’abandon du domicile conjugal. L’incarcération est suivie, depuis sa cellule, par l’annonce de la mort de son époux, un choc qui imprègne tout le procès.
L’avocat de la CNSS, Me Abeng Minko, réclame vingt ans de réclusion pour marquer la fermeté de l’institution. La défense, menée par Me Agnes, rappelle qu’il s’agit de sa première faute, dans un parcours jusque-là sans incident.
Le ministère public propose dix ans dont cinq ferme. La cour s’aligne, mais réduit la peine ferme à 37 mois en raison des circonstances personnelles. S’ajoute l’obligation de rembourser les 16 735 750 FCFA détournés ainsi que 100 000 FCFA de dommages et intérêts. La demande supplémentaire de 5 millions formulée par la CNSS est rejetée.
Après 36 mois de détention préventive, il ne lui restera qu’un mois à purger avant une possible libération. Une sortie attendue, mais discrète.
Ce dossier soulève une question essentielle. Si une employée expérimentée soit elle, a pu agir seule aussi longtemps, existait-il des failles sérieuses dans les mécanismes de contrôle de la CNSS ? Persistent-elles encore aujourd’hui ? L’affaire est close, mais l’avertissement demeure.
Jean 1er
