Dr Eddy Minang, le procureur général qui remet les pendules à l’heure

Face aux attaques de Maître Pierre-Olivier Sur, avocat de la famille Bongo, le procureur général près de la Cour d’appel de Libreville, Dr Eddy Minang, a livré une réponse d’une rare précision juridique et d’une grande hauteur institutionnelle. En quelques minutes, le magistrat gabonais a réaffirmé la souveraineté de la justice gabonaise et rappelé, sans détour, que les tribunaux africains ne sont ni des annexes, ni des figurants.

Ce mercredi 23 juillet, dans une salle pleine au Tribunal de première instance de Libreville, le Dr Minang n’a pas esquivé. Il a répondu point par point, avec calme et autorité, aux critiques qualifiant la justice gabonaise de « spectacle ». Son ton, ferme mais posé, a d’emblée donné la mesure : « Je n’ai commis aucune erreur de droit », lance-t-il, droit dans ses codes, en référence à la libération provisoire de Sylvia Bongo et de son fils. Il cite les articles, 132 du Code de procédure pénale gabonais qui prévoit les conditions de la mise en liberté provisoire et le 143 du même code, qui régit la détention préventive, ses durées et modalités. comme un professeur face à un élève dissipé. « Ce n’est pas du spectacle, c’est la loi. »

Mais c’est dans sa défense de l’éthique et de la dignité institutionnelle que le procureur brille le plus. Refusant les attaques ad hominem, il recentre le débat sur le respect des principes : « L’avocat, même prestigieux, n’est pas au-dessus de la déontologie. » Une phrase simple, mais lourde de sens dans un contexte où la posture médiatique semble parfois l’emporter sur le droit.

Et quand il évoque le regard condescendant parfois porté sur les institutions africaines, la salle retient son souffle : « Ce complexe, fondé uniquement sur l’histoire coloniale et la couleur de peau, doit cesser. Nous avons étudié dans les mêmes universités, nous avons les mêmes compétences. » Le silence se brise en applaudissements. Puis vient la phrase qui restera sans doute dans les mémoires : « Cet avocat est et restera mon étudiant. Je suis même disposé à l’encadrer. » Une réplique aussi piquante qu’élégante, empreinte de confiance et de pédagogie.

Dans ce bras de fer symbolique, le procureur général ne se contente pas de défendre une décision judiciaire. Il défend une institution, un pays, et à travers eux, toute une conception de la justice, rigoureuse, indépendante, légitime. Il ne s’agit pas d’un simple contre-feu médiatique, mais d’un rappel de souveraineté, celle d’une justice qui n’a pas à se justifier sur les plateaux parisiens.

En évoquant les précédents de Maître Sur dans d’autres pays africains, le magistrat montre que ce n’est pas un incident isolé, mais un schéma récurrent. Et il prévient, la justice gabonaise n’est pas en solde.

Sur la question des conditions de détention, il est tout aussi direct : « La justice gabonaise applique la loi, et rien que la loi. » Dignité, méthode et assurance. Le Dr Minang ne s’est pas contenté de répondre, il a marqué son territoire avec autorité.

Par cette réplique de maître, Eddy Minang s’impose comme bien plus qu’un procureur général, un garant de la justice et un symbole d’une Afrique juridique sûre d’elle, compétente, et résolument souveraine.

Edouard Dure

 

 

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