Fête internationale de la femme: Entretien avec le Dr Patience Ntogono Oke epse Asseko, présidente de l’Ordre national des pharmaciens du Gabon

Dans le cadre de la Journée internationale de la femme, célébrée chaque année le 08 mars , nous avons interviewé le Dr Patience Ntogono Oke epse Asseko. À la tête du bureau de l’Ordre national des pharmaciens du Gabon (ONPG) depuis le 17 juillet 2021, elle nous partage son parcours et son regard sur l’évolution des droits de la femme dans notre pays.

Ginewsexpress: Le 8 mars de chaque année est dédié à la journée internationale de la femme, que représente cette journée pour vous ?

Dr. Patience Ntogono Oke epse Asseko: Le 8 mars, en terme de journée internationale de la femme est une journée importante dans le sens où les hommes ont accepté de partager un peu de leurs responsabilités et de reconnaître la compétence de la femme, l’importance de la femme, l’existence de la femme, surtout chez nous dans les pays africains où les rôles sont déjà définis par certains. Et là, on est en train d’intégrer petit à petit l’importance ou l’utilité d’une femme dans la à société en dehors du rôle qui lui était uniquement attribué celui d’être la mère des enfants.

Vous êtes leader de l’Ordre national des pharmaciens du Gabon (ONPG), on sait que les missions qui vous sont assignées ne sont pas de tout repos…parlez nous un peu de votre parcours et de ce qui a motivé le choix de cette profession de pharmacienne.

Ce qui a orienté mon choix, je dirais c’est comme tout enfant, ma mère était infirmière d’état au CHL à l’époque. Donc j’ai baigné un peu dans le secteur de la santé. Pourquoi je ne suis pas devenu infirmière, c’est parce que ça ne m’a jamais intéressé. C’est plutôt le côté traitement, médicament qui m’a vraiment intéressé. Et c’est vrai que j’ai fait une première année de CBG à l’USTM parce que j’ai pas pu m’inscrire dans une faculté de pharmacie mais l’année suivante je suis allé à Montpellier où j’ai fais tout mon. Cursus universitaire. Je suis ensuite rentrée chez moi parce que j’estimais que mon pays avait besoin de personnes tout aussi compétentes, parce que vous savez que les gabonais ont la possibilité de travailler en France, mais moi personnellement ça ne m’a jamais intéressé, donc je suis rentrée chez moi. Je suis devenue fonctionnaire. On m’a affecté à Melen où j’ai fait neuf ans. Après je rentrée en tant que GAS dans le programme au niveau du fonds mondial quand on avait encore les trois maladies. Un moment on les a perdu mais dieu merci actuellement on est en train de l’actualiser pour le VIH, tuberculose et paludisme. Donc j’ai été GAS pendant deux ans, après j’ai été affectée au PLIST et ensuite depuis 2014, je suis affectée au CHU d’Owendo en tant que pharmacien, chef de service.

Comment arrivez vous à équilibrer votre rôle de mère à celui de pharmacienne, responsable de l’ONPG?

C’est juste pour dire qu’il y a des moments où c’est difficile d’équilibrer. Ce qui est sûr, c’est que chacun des côtés est obligé de lâcher un peu. Parce que moi j’agis en fonction des responsabilités et de l’urgence. Et je pourrais vous dire que les mieux placés pour répondre à cette question ce sont peut-être mes enfants ou mon époux. Dieu merci, j’ai vraiment eu de la chance et la grâce d’avoir un époux qui est compréhensif et des enfants qui, contrairement même aujourd’hui, passent leur temps à me surveiller, du style « maman tu travailles trop ». Peut-être que, comme ils grandissent, ils comprennent un peu plus. Mais sinon, on essaie de jouer à l’équilibriste. Parfois c’est très difficile, mais on prend sur soi, si on veut avancer sincèrement et là je vous dirais que ça c’est vraiment le rôle de maman, que ça soit au foyer ou dans le travail.

Aujourd’hui au Gabon, est-ce qu’on peut dire que les femmes sont encore sous représentées dans les postes de responsabilités ?

J’ai pas fait une étude, je sais pas si une étude a été faite. C’est vrai que c’est la décennie de la femme, pour l’instant je dirais que cette décennie est plus ou moins acceptée, parce qu’il arrive que parfois dans les rassemblement etc..on nous prend encore un peu comme un échantillonnage, parce qu’on nous sortira encore la fameuse phrase « c’est la décennie de la femme, on nous a demandé 30% de femme ». Et sur 10 hommes, on va vous emmener une seule femme.Mais c’est vrai que c’est déjà ça. Mais progressivement on est entrain d’y aller. Et au Gabon, les mentalités changent qu’en même
Les hommes acceptent, malgré eux ou pas, mais certains le prennent quand même bien, certains voient l’intérêt de changer un peu la conception qu’on a de la femme et la femme est de plus en plus intégrée puisque chez nous, nous avons déjà eu une femme comme première Ministre, et une femme présidente de la constitutionnelle, de même que vice presidente de la République, du moins nos responsables, montrent déjà l’exemple, et après dans nos foyers, d’une manière générale on sait très bien que ce sont les femmes qui gèrent les foyers mais on laisse à l’homme le soin de jouer son rôle de chef de famille. Quand on a bien compris la notion de chef, parce que le chef c’est pas seulement qui est là pour commander, le chef c’est celui qui dirige, qui organise qui coordonne. Et en général, des foyers ou même des administrations où ce concept est bien compris, il n’y a pas de soucis.

Quels conseils, présidente, donnez-vous aux jeunes filles gabonaises, qui encore aujourd’hui, préfèrent la vie facile au travail ?

En fait, mon conseil ne partira pas de la jeune fille. Mon conseil partira de la définition de la cellule familiale. Et pour moi, ce qui est à revoir c’est le socle de la famille. Ce socle est un peu différent parce que dans nos cultures, heureusement ou malheureusement aujourd’hui, on est dans la mondialisation. Dans cette mondialisation, quand on sort, je veux parler de noir et de blanc, quand on sort de nos maisons, on se comporte comme des blancs et quand on rentre dans nos maisons, chacun de nos parents même moi, on éduque nos enfants en fonction de nos cultures. Et dans certaines cultures, il est, heureusement ou malheureusement, donné aux jeunes filles de justifier leurs capacités à avoir des enfants. Donc, dans nos cultures le côté monoparentale, et ça c’est mon avis, est peu encouragé. Mais sachant aussi que dans cette culture, les frères de la femme, prenaient aussi des responsabilités, ce qui aujourd’hui n’est plus le cas. D’où le fait aujourd’hui qu’il faut relativiser. Il faut que cela parte d’abord de nos familles. Que l’on apprenne le rôle de chacun, que l’on fasse comprendre aux jeunes filles que, pas que tu sois capable de faire comme ton frère, non, tu pourras pas. Chacun à son rôle, mais en fonction des responsabilités, tu peux très bien assumer. Cela ne voudrait pas dire non plus que tu devras venir te mettre à la place de l’homme. Il faut redonner de la valeur et rassurer la jeune fille déjà. Et pour moi, tout part de l’enfance. C’est l’environnement dans lequel la jeune fille a grandi, qui l’a reconforté dans tel ou tel couloir. De même, une jeune fille qui a grandi dans un environnement où on lui a montré l’ importance de l’école, donc de l’instruction et de l’éducation qu’on peut lui donner à la maison, demain, on pourra en faire une femme responsable. En un mot, que cela soit nos croyances religieuses et autres, c’est l’encadrement qu’on fait dans nos cellules familiales qui feront que demain, l’on puisse avoir des femmes de plus en plus responsables. Et on tend vers ça, puisque certains hommes l’on compris, même si d’autres sont encore réfractaires mais le monde les obligera à accepter certaines situations. Moi je suis pour la cellule familiale Père- Mère – Enfant. Je suis pour l’ouverture culturelle, mais qu’on oublie pas son identité. Je dis souvent aux gens, un enfant devient ce qu’on en fait. Aucun enfant ne nait bon ou mauvais. Il deviendra ce qu’on en fera. Donc, si demain on veut des jeunes filles qui soient capables d’assumer, d’être responsables, mais que l’on les oriente bien, qu’on les présente des situations possibles, qu’on leur fasse comprendre que face à telle ou telle situation, voilà ce qui devra être fait et ce qui ne devra pas être fait.

Votre mot de fin

Pour conclure, je dirais que la journée internationale de la femme, est une journée qui est intéressante. Elle permet de voir la considération qu’ont les uns et autres de la femme, qui peut être résumée à prendre ça comme si c’était une journée folklorique et pourquoi pas ? Mais il faut aussi expliquer aux gens ce que c’est la journée internationale de la femme. On dit journée internationale de la femme, après chacun interprète ça de sa manière. Mais rappelons nous de ceux qui se sont battus pour ses droits, le droit d’exister, le droit de pouvoir faire x, y ou z… le droit de pouvoir gérer son corps, en évitant aussi de tomber dans les extrêmes, car le but du jeu n’est pas de venir remplacer l’homme. C’est vrai qu’on parle d’égalité, mais égalité dans certains domaines, certains secteurs. Chacun de nous joue son rôle pour l’équilibre de la société, de la nation.

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