Ce lundi 14 juillet 2025, Me Gisèle Eyue Bekalé, avocate de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin Bongo Valentin, devrait répondre à une convocation de la justice gabonaise. Celle-ci lui a été transmise via le bâtonnier de l’Ordre des avocats. Après plusieurs jours de résistance, la pénaliste accepte de se présenter devant le procureur de la République et les enquêteurs de la Direction générale des recherches (DGR).
L’affaire fait grand bruit. Noureddin Bongo Valentin, incarcéré depuis plusieurs mois, a reconnu avoir lui-même filmé des vidéos lors de sa détention. Il affirme les avoir déposées en France, dans le cadre d’une plainte, comme preuves de mauvais traitements subis.
Problème ? ces enregistrements ont été réalisés à l’intérieur même du lieu de détention, y compris dans un bureau de juge d’instruction. Ce qui pose une question capitale pour les autorités. Comment un détenu a-t-il pu obtenir un appareil de captation dans un environnement aussi sécurisé ?
Selon une source proche du dossier, Me Gisèle Eyue Bekalé est considérée comme suspect numéro un dans cette affaire. Rien ne prouve à ce stade son implication directe, mais les soupçons persistent.
Convoquée la semaine dernière, l’avocate avait refusé de se présenter. Elle invoquait les garanties prévues par la loi encadrant la profession d’avocat. Face aux risques d’arrestation, elle s’était retranchée dans son cabinet durant deux nuits.
Mais la donne a changé. Une nouvelle plainte, cette fois conforme aux dispositions légales encadrant les avocats, a contraint Me Eyue Bekalé à revoir sa position. Elle a accepté d’être entendue, à condition que le bâtonnier et ses propres conseils soient présents.
Docteure en droit (Université de Cergy-Pontoise), titulaire du CAPA, diplômée du CFPA, Me Eyue Bekalé est une figure du barreau gabonais. Elle est également inscrite au barreau de Paris.
Me Eyue Bekalé se décrit comme une « pénaliste dans l’âme ». Son retour au-devant de la scène judiciaire, dans un contexte aussi explosif, pourrait raviver de vieilles tensions.
Cette affaire dépasse le simple cadre juridique. Elle soulève des questions relatives aux conditions de détention, à l’éthique et à la déontologie professionnelles, à l’indépendance de la justice ainsi qu’au respect des droits fondamentaux.
L’audition de Me Eyue Bekalé ce lundi pourrait ouvrir une nouvelle séquence dans un dossier où se mêlent droit, politique et stratégie judiciaire.
Edouard Dure