La salle du Palais des conférences d’Angondjé résonnait, ce 18 juin 2025, d’échanges animés sous la houlette du vice-président de la République, Séraphin Moundounga accompagné de figures comme Zacharie Myboto, ancien ministre d’État.
Ministres, techniciens, délégués spéciaux, préfets, tous étaient réunis pour donner corps à la décentralisation. Cette promesse souvent évoquée, mais encore en attente de concrétisation.
Pendant deux jours, la Commission nationale de décentralisation (CND) a planché sans relâche. Il s’agissait de proposer un plan réaliste et applicable, en réponse aux directives du chef de l’État..
Au terme des discussions, les chiffres tombent. Au total, 140 entités territoriales seront dotées de moyens pour gérer localement des compétences jusqu’ici centralisées. Notamment , 52 communes, 48 conseils départementaux et leurs arrondissements respectifs
Pour financer cette transition, l’État prévoit une enveloppe de 100 milliards de Fcfa. C’est une première dans l’histoire administrative du pays.
Un calcul précis soutient cette somme. Ellle représente 5 % des ressources propres du pays, soit une dotation spéciale, versée via un Fonds de péréquation. Une manière, selon les membres de la commission, de « rééquilibrer les chances entre territoires oubliés et centres urbains privilégiés ».
Sur le terrain, chaque entité recevra une base fixe de 500 millions de Fcfa. Le reste, soit 30 milliards sera attribué selon des critères objectifs. Population, isolement géographique, urgences sociales. « Nous voulons éviter une décentralisation à deux vitesses », explique un membre de la commission technique. Dans les couloirs, certains évoquent déjà les défis d’une telle distribution , zones enclavées, absence de routes, conflits d’autorité…
Mais l’argent ne suffit pas. Une autre réalité s’impose. Le manque de personnel qualifié. À l’intérieur du pays, plusieurs collectivités ne disposent ni d’ingénieurs, ni de techniciens, ni parfois même de secrétaires formés. La commission propose donc un double mécanisme. Le recrutement local et la formation des agents existants. « Si l’on transfère les compétences, il faut aussi transférer le savoir-faire », glisse une déléguée spéciale.
Dans les rangs des élus locaux, l’impatience est vive. À Oyem, Mouila, Makokou ou Franceville, certains maires disent déjà avoir préparé des projets « en attente de moyens ». Un conseiller départemental confie : « Cette fois, on espère que ce n’est pas juste une annonce. Nos routes, nos écoles, nos dispensaires attendent des actes. »
Ces propositions restent provisoires. Elles seront prochainement transmises au chef de l’État, qui devra trancher. D’ici là, les collectivités, elles, s’organisent. Dans les esprits, une seule question domine. La décentralisation est-elle enfin en marche… pour de bon ?
Ethan De Sillon
