Le jeudi 22 mai, la Cour des comptes a annoncé l’ouverture d’une enquête officielle sur la gestion des fonds COVID-19 entre 2020 et 2022. Une décision retentissante, réclamée depuis des mois par la société civile, en tête de laquelle le Copil Citoyen.
Des milliards de francs CFA ont été mobilisés pour lutter contre la pandémie. Aujourd’hui, il ressort qu’une partie de ces sommes semble s’être évaporée dans les rouages de l’ancien pouvoir.
Au plus fort de la crise, le Gabon avait mis en place une riposte musclée : Comité de pilotage (COPIL), budgets exceptionnels, appuis internationaux. L’OMS avait même déployé des experts et du matériel. Tout semblait maîtrisé.
Mais derrière cette vitrine officielle, les soupçons se sont multipliés : marchés publics opaques, kits surfacturés, aides sociales détournées, bénéficiaires fictifs. Le Copil Citoyen a mené l’enquête. Le scandale a éclaté.
C’est la pression constante du Copil Citoyen, collectif indépendant, qui a fini par faire bouger les lignes. Investigations de terrain, interpellations publiques, rapports accablants… Leur combat pour la transparence va-t-il porter ses fruits ?
L’affaire éclate à un moment charnière : le Gabon entre dans la Cinquième République, sous la direction de Brice Clotaire Oligui Nguema, qui promet une rupture avec les pratiques du passé. Cette enquête est un test grandeur nature : le régime ira-t-il jusqu’au bout, quitte à ébranler les figures de l’ancien pouvoir ?
Si les faits sont avérés, des poursuites pourraient être engagées : justice, sanctions, remboursements. Mais l’enjeu est plus vaste. Il s’agit de rebâtir la confiance et d’instaurer une nouvelle culture de gouvernance.
L’affaire des fonds COVID ne fait que commencer. Mais elle pourrait bien devenir le premier grand symbole de justice de la Cinquième République gabonaise.
Edouard Dure