La Guinée-Bissau replonge dans la crise. Le président sortant Umaro Sissoco Embaló a été arrêté mercredi à la mi-journée dans son bureau au palais présidentiel. Il affirme lui-même avoir été victime d’un coup d’État.
Peu avant midi, des militaires ont bouclé les axes menant au palais. Des tirs ont été entendus près du ministère de l’Intérieur, des Affaires étrangères et autour du siège de la commission électorale. Le chef de l’État a indiqué n’avoir subi aucune violence. Il dit être en bonne santé.
Dans le même temps, plusieurs hauts responsables ont été interpellés , le chef d’état-major général, son adjoint, le ministre de l’Intérieur.
Les putschistes annoncent contrôler « l’ensemble du territoire » et ordonnent la fermeture des frontières.
L’arrestation intervient trois jours après l’élection présidentielle du 23 novembre. Un scrutin sous haute tension, marqué par l’exclusion de Domingos Simões Pereira, leader du PAIGC, figure centrale de l’opposition.
Embaló affirmait avoir remporté l’élection avec 65 % des voix, selon les chiffres avancés par son camp. Son adversaire Fernando Dias da Costa revendiquait lui aussi la victoire. Les résultats officiels devaient tomber le lendemain. Ils ne seront probablement jamais annoncés.
Depuis son indépendance en 1973, la Guinée-Bissau accumule les ruptures politiques. Coups d’État, putschs manqués, dissolutions, crises institutionnelles. Neuf coups d’État en un demi-siècle. Le dernier, déjà dirigé contre Embaló, avait échoué.
Cette nouvelle prise de pouvoir révèle le malaise profond d’un pays où l’armée demeure l’arbitre ultime du jeu politique.
En renversant le président alors que les résultats n’étaient pas encore proclamés, les militaires coupent court au processus électoral. Ils s’érigent en « garants » de l’ordre mais ouvrent un vide institutionnel dangereux.
Le coup d’État apparaît à la fois comme une contestation de la légitimité du scrutin et comme une démonstration de force d’une armée habituée à imposer son tempo.
Pour la population, déjà épuisée par l’instabilité et la pauvreté, c’est un nouveau choc. Et pour le pays, une plongée dans l’incertitude.
Les frontières fermées, le pouvoir suspendu, les institutions paralysées, la Guinée-Bissau se retrouve à nouveau au bord du gouffre. Rien ne dit aujourd’hui si ce coup d’État ouvrira la voie à une transition maîtrisée ou à un cycle de violences.
À Bissau, une seule certitude, le pays vient de basculer dans une nouvelle crise dont personne ne connaît l’issue.
Jean 1er
