Emmanuel Macron arrive au Gabon ce 23 novembre 2025 avec la promesse de tourner la page des malentendus africains et de bâtir une relation d’égal à égal. Libreville, de son côté, veut rompre avec l’exportation brute de ses richesses. Le pays entend désormais produire localement, créer de la valeur et attirer des partenaires capables d’accompagner cette transformation.
Huit ans après son discours de Ouagadougou, Emmanuel Macron cherche toujours la bonne formule pour renouer avec l’Afrique. Le Sahel s’est refermé sur une série de revers, et le Gabon apparaît aujourd’hui comme l’une des rares portes encore ouvertes, au moment où Paris reconfigure sa présence militaire sur le continent.
À Libreville, le président français rencontrera le général Brice Clotaire Oligui Nguema, devenu chef de l’État après le coup d’État d’août 2023 puis élu lors d’un scrutin jugé globalement crédible par les observateurs internationaux. Paris entend « saluer la transition » et accompagner cette nouvelle étape politique.
La coopération militaire sera au cœur des discussions. Alors que les bases françaises d’Abidjan et de Dakar s’apprêtent à fermer, le camp De Gaulle, à Libreville, pourrait devenir l’un des deux derniers points d’appui permanents de l’armée française en Afrique, avec Djibouti. Le site s’est recentré sur la formation des forces de défense gabonaises. Libreville souhaite maintenir ce partenariat, mais dans un cadre plus équilibré, plus transparent et plus utile pour sa propre armée.
Le cœur de la nouvelle stratégie gabonaise est économique. Le pays ne veut plus exporter uniquement du manganèse ou de l’or. Son sous-sol recèle du fer, de l’uranium, du cuivre ou du zinc, des ressources convoitées, mais que le Gabon veut désormais valoriser sur place. L’Objectif est d’industrialiser, créer des emplois, développer une économie moins dépendante des matières premières brutes.
Paris et ses entreprises l’ont compris. Elles espèrent trouver leur place dans ce nouveau modèle, mais Libreville pose une condition. Les partenariats doivent être « gagnant-gagnant ».
Parmi les grands chantiers, la réhabilitation du Transgabonais occupe une place centrale. Cette ligne de chemin de fer stratégique traverse cinq provinces et structure l’économie du pays. Elle est vieillissante, sous-dimensionnée et indispensable au transport des minerais comme aux déplacements des populations. L’Agence française de développement (AFD) envisage d’en financer la modernisation. Un projet lourd, mais qui pourrait devenir l’emblème d’une relation renouvelée, orientée vers l’investissement durable et la montée en gamme industrielle.
Le Gabon veut désormais maîtriser sa trajectoire économique. La France, affaiblie par ses échecs au Sahel, tente de redéfinir son rôle. Les deux pays peuvent encore avancer ensemble, mais sur de nouvelles bases, moins d’héritage, plus de réciprocité.
La visite d’Emmanuel Macron à Libreville s’inscrit dans cette recomposition. Elle sera jugée à l’aune des actes, non des discours. Le Gabon, lui, attend des partenaires capables d’accompagner sa vision . Transformer la richesse du sous-sol en richesse nationale.
Edouard Dure
