À Malibé 2, au cœur d’Akanda, une famille réinvente le week-end gabonais. Philippe Tonangoye, ancien ministre de l’Énergie, et ses proches cultivent bien plus que des légumes, ils cultivent le temps, le souffle de la nature et la mémoire des ancêtres.
Le matin, quand le soleil caresse doucement les feuilles de la mangrove, Corine Maroundou Moussavou Nziengui se tient sur le terrain familial, bêche à la main. Elle plonge la terre sombre, sent son odeur humide, et plante arachides et bananes avec une patience qui semble suspendre le temps. Autour d’elle, les jeunes citronniers dressent leurs premières feuilles comme des mains tendues vers le ciel, et la mangrove, autrefois silencieuse, murmure sous la brise.

Philippe Tonangoye marche entre les rangées, observant les gestes précis de ses enfants. Il rêve d’un lieu où les citadins viendraient se perdre pour se retrouver. Respirer l’air salin, écouter le clapotis de l’eau, déguster les fruits de la terre et le goût du temps retrouvé. « La terre ne ment jamais », répète Maroundou, « elle nous offre ce qu’on mérite, si l’on sait l’écouter. » Entre deux coups de bêche, la famille transmet aux plus jeunes le langage des saisons, des racines et des tubercules, un savoir ancien que les villes ont tendance à oublier.
Les habitants du quartier observent la transformation avec émerveillement. Ella André raconte « Ce terrain, il y a quelques années, n’était qu’herbes folles et poussière. Aujourd’hui, c’est un refuge, un lieu où les enfants découvrent la joie de voir la vie pousser sous leurs mains. » L’espace familial devient un théâtre vivant. Les rires des enfants se mêlent au chant des oiseaux, le parfum des fleurs aux embruns de la mangrove. Ce n’est plus simplement un jardin, c’est une école de patience, de respect et de bonheur simple.
Alors que les villes s’éloignent de la terre et que la jeunesse s’éloigne de ses racines, la famille Tonangoye rappelle qu’un autre chemin existe. Entre arachides et bananiers, crabes et citronniers, la mangrove de Malibé 2 n’est plus un terrain vague. Elle est un souffle d’espoir, un pont entre les générations et un hymne à la vie, à la patience et au retour aux sources.
Ethan De Sillon
