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Réserves de change en chute libre : la BEAC rassure, mais les signaux restent au rouge

Alors que la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) voit ses réserves de change fondre de plus de 1 000 milliards FCFA en quelques semaines, son gouverneur, Yvon Sana Bangui, tente de rassurer. Derrière les explications officielles, cette situation révèle la vulnérabilité économique persistante de la région Cémac face à des chocs de plus en plus fréquents.

Le 29 septembre, Yvon Sana Bangui est intervenu publiquement pour calmer les inquiétudes nées de la baisse spectaculaire des réserves de change de la BEAC. En deux mois, le taux de couverture extérieure de la monnaie est passé de 69,8 % à 61,6 %, une chute brutale qui a fait naître des interrogations dans toute la sous-région.

Le gouverneur attribue cette dégringolade à une conjonction de facteurs. Arrêt des appuis budgétaires du FMI, remboursement de la dette extérieure, hausse des importations, baisse des cours des matières premières, rapatriement de dividendes par des investisseurs étrangers et augmentation des transferts monétaires.

Pour inverser la tendance, la BEAC affirme avoir lancé une série de mesures, réorganisation interne, renforcement des capacités techniques, et meilleure coordination avec les acteurs économiques. L’institution vise un niveau de réserves supérieur à 7 100 milliards FCFA d’ici décembre 2025, avec une projection à 9 000 milliards FCFA en 2028.

Mais au-delà des chiffres, cette crise met en lumière les faiblesses structurelles de la zone Cémac. Une simple baisse des prix du pétrole, du coton ou du bois suffit à déséquilibrer les comptes extérieurs. L’épisode confirme la dépendance excessive de la région aux matières premières et l’absence de mécanismes de résilience face aux chocs extérieurs.

Alors que certains redoutaient un durcissement monétaire, la BEAC a préféré maintenir le statu quo. Le taux des appels d’offre reste à 4,50 %, la facilité de dépôt à 0 %, et la facilité de prêt marginal à 6 %. Une approche prudente, destinée à ne pas aggraver une conjoncture déjà fragile.

La BEAC tente donc de tenir le cap malgré les turbulences. Mais la reprise durable dépendra surtout de trois leviers, le redressement des exportations, la stabilité des cours des matières premières et la discipline budgétaire des États membres. Des conditions encore loin d’être garanties

Ethan De Sillon

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