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 » Une lettre de protestation est en cours de rédaction à l’adresse de Madame la Directrice Générale du FMI » dixit Francis Jean Jacques EVOUNA

Trois questions à Mr Francis Jean Jacques EVOUNA, Président du Conseil Gabonais du Patronat, sur l’actualité économique de l’heure…

 Ginews: Monsieur le Président bonjour ! Vous avez été très actif ces derniers temps avec à la clé, deux lettres ouvertes aux détenteurs du pouvoir exécutif, la dernière en date est celle adressée au Premier Ministre,  Chef du Gouvernement, pour lui proposer de mettre en place un plan de sauvetage de notre économie. Peut-on savoir où en est ce dossier ? Vous a t-il reçu à ce sujet avec ses ministres en charges des questions économiques pour en débattre ?

Francis Jean Jacques EVOUNA : Bonjour à vous messieurs les vecteurs de changement d’attitude ! Il est effectivement de notoriété, que par amour pour mon pays,  le respect et la considération que j’ai de nos Institutions de décisions, à l’heure de la crise sanitaire que nous traversons, due à la pandémie du Coronavirus encore appelé Covid-19,  par anticipation sur les situations avenir, c’est à dire l’après crise sanitaire. Il m’est apparu nécessaire d’exprimer à haute voix, aux plus hautes autorités, ce qui me semblait être d’une utilité capitale,  pour non seulement améliorer la mise œuvre des mesures énoncées  par le Chef de l’État, afin de résister aux effets catastrophiques qu’entraine cette pandémie qui secoue le monde entier et qui n’épargne pas notre pays, mais aussi et surtout apporter ma pierre à l’édification de notre maison commune le Gabon qui va droit dans un précipice, si les voix ne s’élèvent pas pour tirer la sonnette d’alarme.

Vous le savez,  hommes et femmes de médias, que je ne sais pas faire dans la langue de bois. La situation du pays est chaotique à tous les niveaux de sa gouvernance,  le Chef de l’État, n’est plus suivi par certains membres du gouvernement qui occupent des postes importants dans le dispositif de ce palier de l’exécutif, en tant que capitaine du bateau Gabon qui prend de l’eau et qui se trouve au bord du naufrage,  l’impression que j’ai, et qui saute aux yeux de tous les gabonais qui s’attachent ou s’intéressent à la chose publique, à la chose politique, c’est qu’une coalition de saboteurs s’est mise en place pour réduire à néant l’action et les programmes politiques du Président de la République, Chef de l’État.  Je constate pour le déplorer en premier lieu, que le Premier d’entre eux, à l’observation n’a plus aucune réelle influence sur certains de ses ministres. Franchement, il y a comme un grave problème de gouvernance et d’exercice du pouvoir. J’ai des larmes aux yeux, de voir mon pays toucher ainsi le fond comme présentement.

Vous me demandez  où se trouvent les propositions que j’ai adressées par le biais des correspondances aux plus hautes autorités de notre pays ?  En tant que citoyen, homme de terrain et leader d’opinion, dans le cadre de la tribune qui est la mienne, c’est à dire le Conseil Gabonais du Patronat « CGP » ? Il ne m’est pas donné de répondre à cette question, celle-ci mérite d’être posée au Cabinet du Chef de l’État et à celui du Premier Ministre, Chef du Gouvernement. J’ai fait ma part,  ce sont des lettres ouvertes, qui ont été lue et qui ont de surcroît attiré l’attention de bon nombre de Gabonais, de la communauté internationale en réalité de tous nos partenaires auprès desquels, j’ai plutôt un retour  favorable.

De plus,  vous voulez savoir entre autre,  si j’ai été reçu par ces hautes autorités à la suite de ces sorties ?  Je me permets de vous rétorquer, que je ne suis pas un divin et ne dispose pas de capacités à lire dans leurs pensées. Qu’ils estiment bon ou pas  de me recevoir, ils sont  libres de leur choix, mais j’ai le sentiment d’avoir accompli mon devoir en tant que partenaire et patriote.

D’ailleurs, je voudrais terminer sur cette question en vous disant, qu’il y a des ministres que vous sollicitez pour des rencontres professionnelles dans le cadre de leurs missions en terme de partenariat public-privé, qui par des préjugés qui les hantent viscéralement, ne daignent même pas vous recevoir, ne répondent pas à vos courriers, c’est à croire que nous sommes des ennemis ?  Comme si nous  étions des extra-terrestres, comme si nous avons affaire à des omniscients ? Il y en a qui vont même jusqu’à bloquer vos numéros de téléphone pour ne plus décrocher vos appels, peut-être croient-ils  que vous allez demander l’aumône ? Pourtant, ils sont au service des usagers, mieux, au service de leurs concitoyens, au service du pays. C’est ce que le Président de la République, qui les a placé là, attend d’eux.

Je pense qu’ils devraient résolument être au service des Gabonaises et des Gabonais en faisant uniquement leur travail. Cependant, au CGP, nous restons disponible pour toutes discussions qui pourraient concerner la restructuration de l’économie de notre pays, l’apurement total de la dette intérieure de l’État vis à vis des entreprises opérant au Gabon. C’est mon domaine de prédilection, c’est l’objet pour lequel personnellement, je puis les solliciter, franchement pour rien d’autre.  Les questions économiques, sociales, environnementales et culturelles étant mon parti politique. Je souhaite cependant dire halte aux déclarations et annonces politiques dévastatrices de nos hommes politiques,  qui ne sont pas de nature à apaiser le climat social,  même en pleine crise sanitaire.

Monsieur le Président ! Il y a un peu plus de trois années, vous avez proposé aux  pouvoirs publics  un aggiornamento économique pour notre pays. A l’heure de la crise sanitaire qui secoue l’économie mondiale et dont notre pays ne peut échapper, pensez vous que cet aggiornamento reste d’actualité ?

 Je crois que le Gouvernement n’a pas fait d’aggiornamento économique, encore une fois, c’est un manque de volonté politique inexplicable de ne pas vouloir créer un environnement et un cadre idéal pour les affaires, pour faire de l’économie et même des économies. Pourtant, on l’entend dire çà et là sous forme de slogan.   Malgré un Plan de Relance Economique,  appuyé par Le FMI en phase d’achèvement ce mois de Juin 2020, d’ailleurs, qui n’a nullement été pratiqué en totalité. C’est à n’en point douter, un véritable défi à relever pour notre Gabon, qui malheureusement fait du surplace, en retardant la mise en œuvre des conditions d’attraction des investisseurs étrangers dans notre pays. Il est à craindre que le pire qui est le corollaire de la pandémie en cours, si le gouvernement ne suit et ne traduit pas en actes  les très hautes instructions du Chef de l’État,  contenues dans les mesures économiques fortes qu’il a prises lors de ses adresses à la nation, nous fonçons tout droit vers une récession économique d’une gravité sans pareille. Il est bien évidemment cette fois question, que le gouvernement  voudrait nous servir comme prétexte, comme alibi, mieux comme plat, la pandémie du Covid-19.

Nous pouvons à cet effet, nous interroger, si le FMI n’est pas complice de cet état de fait ? Vous n’êtes pas sans ignorer,  qu’il donne des satisfecit à tout va aux autorités gabonaises, là aussi, pour endetter le Gabon et lui faire payer non pas la dette intérieure qui permettrait aux entreprises de relancer véritablement la machine économique, même pour l’État aux fins de mieux parfaire la diversification de notre économie, mais soutient plutôt le règlement de la dette extérieure uniquement, en faisant croître notre taux d’endettement qui se trouve aujourd’hui à 63% du PIB.

Je vous rappelle que le FMI tend déjà la main au Gabon pour un second Plan de Relance Economique pour mieux nous asphyxier. Une question mérite d’être posée dès cet instant, celle de savoir : Comment l’État pourra t-il  investir dans ses domaines régaliens : santé, éducation, justice, Armée, entre autres ? Les entrepreneurs sont désabusés, démotivés, par certains membres du gouvernement et certaines administrations en charge des questions économiques qui font dans de joyeux amalgames dogmatiques, dans des joyeuses divagations, ils font dans des choix irrationnels,  voire, hasardeux. Tout cela crée, la méfiance et non la confiance qui doit être le maître mot en matière de croissance économique selon la maxime : « Pas de croissance sans la confiance ».

La croissance et l’emploi sont générés par des entreprises dans un pays. Les entreprises sont tirées par des entrepreneurs qui ont des projets, de la volonté, sont prêts à prendre d’énormes risques pour embaucher, innover, investir, et développer leur entreprise pour le bien de toutes les parties prenantes à savoir : les salariés, les clients, les fournisseurs, actionnaires, et aussi l’État qui récupère les taxes, les prélèvements obligatoires et les impôts. Je vous dirais que plusieurs entreprises ont fermées leurs portes et d’autres ont quitté le pays, car elles ont été découragées par un environnement complexe, hostile, corrompu et coercitif en n’oubliant que ce sont elles les vraies locomotives économiques d’un pays, ce sont elles qui créent croissance, richesses et emplois. C’est ce qui devrait figurer en première ligne de tout aggiornamento économique d’un gouvernement qui intègre un modèle de croissance inclusive, le le patriotisme économique et l’égalité des chances tant prôné par le Président de la République, Chef de l’État, Ali BONGO ONDIMBA.

Président ! Est-ce que l’on peut dire véritablement que le secteur privé a perdu toute confiance envers les pouvoirs publics de notre pays. Lorsqu’on essaye de bien comprendre la profondeur de vos propos ?

je voudrais sans détour vous dire que nous ne croyons plus un seul mot de ce que certains d’entre eux nous disent.  Vous savez, ils mettent même parfois le quotidien l’Union dans des erreurs inconcevables, nous comprenons que c’est un quotidien gouvernemental, ce n’est pas une raison de lui donner de fausses informations. Rappelez-vous qu’il y a moins d’un mois, la Direction Générale de la Dette a fait dire à l’Union dans la période du 19 Mars 2020,  que 93 entreprises sont passées à la caisse.  Est-ce que c’est  sérieux ? Ce genre d’annonces créent de la confusion et mettent en mal certains chefs d’entreprises qui sont locataires et à leur tour sont traqués par leurs bailleurs ainsi que leurs créanciers, alors qu’il n’en était rien.

Il est extrêmement important de vous dire que malgré les contrats et conventions signés par les pouvoirs publics, ceux-ci ne respectent pas leurs engagements, ils varient toutes les minutes, toutes les heures, ils n’honorent pas leur partie de contrat, sinon de temps en temps de façon partielle, voire, sporadique et sans grand impact. La semaine dernière, vendredi plus exactement, deux échéances sur 4 en retard ont été payés, est-ce normal pour une puissance publique respectueuse de sa notoriété ?

Je voudrais vous rappeler que la sincérité et la fiabilité sont des pierres angulaires de la confiance.  Et sur ce point,  je vous raconte cette anecdote : « Quand, par exemple, vous avez affaire à un criminel armé, la règle d’or est tout simplement d’être poli …… Et très souvent, les personnes avec qui vous traitez peuvent parfois être très violentes, dénuées de tout raisonnement utile pour faire évoluer les choses dans un sens favorable pour tout le monde. » Pourtant, il faut bien essayer de comprendre ce qui se passe dans leur tête. La puissance publique estime toujours détenir toutes les solutions,  voire, entre autre,  l’usage de la force pour tout et rien, sachant très bien que cela ne résout pas les problèmes, mais les déplacent simplement ou encore les remet à plus tard.

Aujourd’hui, que nous dit le gouvernement pour magnifier les contraintes susceptibles d’excuser la non tenue de ses engagements, le non apurement total de la dette intérieure, c’est l’utilisation systématique de la crise sanitaire mondiale du Covid-19, pour montrer combien de fois les difficultés nous sont imposées de l’extérieur, des causes exogènes. Pour manifester notre colère vis à vis de nos pouvoirs publics, nous disons que cette situation est inadmissible, je voudrais me permettre de vous annoncer, qu’une lettre de protestation est en cours de rédaction à l’adresse de Madame la Directrice Générale du FMI. Puisque les autorités en charge des questions économiques ne sont pas favorables au dialogue et à la concertation permanente entre partenaire que nous sommes ainsi que je l’ai  évoqué plus haut. Peut-être que dans ces conditions, nous pourrions obtenir de nos dirigeants un peu plus de respect et de considération, car le FMI qui est un partenaire clé de notre pays sera dans l’obligation de nous répondre.

Monsieur le Président ! Votre mot de fin…  

Il est important que les instances politiques dirigeantes  aident le secteur privé et particulièrement le PME à gagner en compétitivité car ce sont elles qui créent la richesse, ce sont elles qui embauchent, ce sont elles qui constituent le socle sur lequel repose l’économie d’un pays.

Il est fondamental de rappeler que si nous ne réglons pas, courageusement et durablement, le problème des grands déséquilibres du Gabon, notre pays ne s’en sortira pas durablement du chômage. Ces déséquilibres se manifestent par le poids, devenu insupportable, des dépenses publiques, des déficits de l’État, du cycle d’endettement qui atteint un triste record.

Il  faut éviter que ces grands déséquilibres de l’État se trouvent tôt ou tard sous forme de fiscalité complémentaire sur les ménages et sur les entreprises. L’urgence absolue pour le pays aujourd’hui est de réduire les dépenses publiques superflues, avant que nous nous retrouvions dans une situation financière et économique plus que catastrophique.

Je vous remercie

 

Propos recueillis par Edouard Dure

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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