Parcourir 40 000 kilomètres à travers 10 pays en 163 jours, c’est le défi que s’est lancé Rash Mubarak, ancien député ghanéen, pour porter un rêve ancien mais toujours vivant celui d’une Afrique unie, sans visas ni frontières. Aujourd’hui au Gabon, il poursuit son périple à la tête de la caravane Open Africa.
Depuis le Ghana, il traverse l’Afrique de l’Ouest et centrale, de Lomé à Libreville, en passant par le Bénin, le Nigeria, le Cameroun et la Guinée équatoriale. Partout, l’objectif est de faire entendre la voix de ceux qui rêvent d’un continent où les Africains circulent librement.
« Nous avons passé plus de 600 heures sur la route. Mais le véritable voyage, c’est celui de l’unité. Nous allons à la rencontre des citoyens, des décideurs, de la société civile et des médias. Le message est simple, il est temps d’ouvrir l’Afrique aux Africains. »
Dans chaque pays traversé, Rash Mubarak fait le même constat, les peuples se ressemblent. Les visages, les langues, les coutumes, les aspirations, tout rapproche.
« Quand je regarde mes frères au Gabon, je vois les mêmes visages qu’au Cameroun, au Nigeria ou au Zimbabwe. Ces frontières ne sont pas les nôtres. Elles ont été tracées à Berlin, sans un seul Africain à la table. »
Il ne parle pas d’utopie, mais d’urgence. Qui est de permettre la libre circulation des Africains sur leur propre continent. Offrir à la jeunesse un accès élargi aux opportunités, et rendre possible un marché unique grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
« L’Union africaine évoque une Afrique sans visa d’ici 40 ans. Nous disons que c’est possible en cinq ans. Ce n’est pas une question de rêve, mais de volonté politique. »
Au-delà du plaidoyer, la caravane célèbre la richesse et la diversité du continent. Rash Mubarak et son équipe documentent paysages, cultures et traditions locales, pour montrer une autre Afrique, celle qui inspire et unit.
« Notre Afrique est belle. Chaque étape nous rappelle ce que nous avons de plus précieux, notre diversité, notre culture, notre histoire commune. Il est temps de nous reconnecter. »
La sécurité est souvent avancée pour justifier les frontières fermées. Rash Mubarak reconnaît les défis, mais appelle à dépasser cette logique.
« On ne ferme pas sa porte à un frère sous prétexte qu’on a un chien de garde. Des solutions technologiques existent pour sécuriser sans diviser : drones, géolocalisation, contrôles intelligents… À condition que les États coopèrent. »
La campagne « Open Africa, Open Opportunities » prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux. Rash Mubarak appelle la jeunesse africaine à s’en saisir, et lance un message sans détour aux dirigeants.
« Les leaders qui rendront une Afrique sans visa possible resteront dans l’histoire comme des bâtisseurs. Ceux qui freinent cette unité seront jugés comme des obstacles. L’Afrique n’a plus de temps à perdre. Le moment, c’est maintenant. »
Libreville n’est qu’une étape. Demain, ce sera peut-être Kinshasa, Brazzaville, Lusaka ou Nairobi. Partout, Rash Mubarak portera le même message. L’Afrique doit s’ouvrir à elle-même pour grandir. Et cela commence par la chute des frontières.
Edouard Dure