L’élection à la Chambre de Commerce du Gabon tarde, une préoccupation pour les entreprises opérantes sur le territoire national. Francis Jean Jacques EVOUNA, Chef d’entreprise et Président du Conseil Gabonais du Patronat « CGP », donne son impression.
Ginewsexpress : Monsieur le Président, la Chambre de Commerce est un outil de mise en œuvre et d’évaluation de performance économique dans un pays, une vraie aide à la décision pour les pouvoirs publics, beaucoup d’interpellations sont faites au Gouvernement qui ne semble pas s’en émouvoir ? Que pensez-vous de cette situation ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Le développement économique d’une nation demeure au cœur de la finalité d’une Chambre de Commerce et d’industrie, l’intégralité de son action est en principe tournée vers l’entreprise. Promouvoir les relations économiques et commerciales avec l’étranger et assister les entreprises dans le développement des exportations de leurs productions et dans la mise en relation avec des partenaires potentiels pour les projets d’expansion au niveau local, régional et international, sont autant de services proposés par une Chambre de Commerce pour faciliter l’accès à de nouveaux marchés. Comme les compétences de la chambre de Commerce sont de ce point de vue partagées, il convient de réfléchir à la meilleure façon pour elle d’agir en concertation avec les pouvoirs publics dont la Chambre de Commerce émane. Forte de son expérience et de son expertise économique, elle pourrait davantage se positionner comme un réel animateur et, surtout, comme un acteur du développement et de l’aménagement du territoire. Il apparaît nécessaire que l’Etat tire les conséquences des lois économiques à l’heure de la relance de celle-ci, initiée par le gouvernement, les lois de décentralisation et détermine la participation légale de la chambre de Commerce à l’élaboration des décisions des collectivités territoriales dans le domaine du développement économique, de l’aide directe ou indirecte aux entreprises, aux créations d’emplois et de l’aménagement du territoire. Par la connaissance du « terrain » de la Chambre de Commerce et leur situation de proximité, elle a un rôle d’observateur et d’acteur économique local à développer, sous forme de partenariats, notamment au niveau local, régional et international. Le Gouvernement doit impérativement pouvoir s’appuyer sur cet observatoire consulaire. Pour asseoir sa légitimité, la Chambre de Commerce doit pouvoir lever l’incertitude du « qui fait quoi » au niveau national, alors que l’organisation administrative et économique territoriale évolue sans cesse, depuis une vingtaine d’années, au bénéfice du « politique » et pas nécessairement de « l’économique ».
Le Gouvernement semble ne pas se presser pour non seulement organiser les élections depuis plus de douze années dans l’une des plus vieilles institutions du Gabon : la Chambre de Commerce, mais ne se bouscule pas à y nommer un Administrateur Provisoire. Que dites-vous ?
En langage économique, Les économistes adorent les théories simples, certains diraient mêmes simplistes, et ils aiment à les représenter sous forme de diagrammes. Les politiques ne font pas exception. Au préalable, il convient de resituer la relation entre l’Etat et la chambre de Commerce ainsi que la relation entre la chambre et les collectivités locales. Fondamentalement, pour être un interlocuteur reconnu, la chambre de Commerce doit être considérée dans sa mission non comme une sorte de bras armé mais comme un appui de diffusion des politiques générales de l’Etat à destination des entreprises et un porte-parole des entreprises vers l’Etat. La Chambre de Commerce doit être appréciée comme un organe essentiel et capital de réflexion économique permettant aux plus hautes autorités de mieux ajuster ou d’ajuster au mieux leurs politiques économiques. Elle doit, enfin, se situer en interface entre l’Etat, les régions et les entreprises. Ce rôle ne peut se définir valablement que par rapport aux différents partenaires de la Chambre de Commerce, afin de lever l’hypothèque qui pèse sur elle et pour lui offrir la place où elle pourrait le mieux apporter sa réelle plus-value sans « compliquer » davantage l’action de développement économique. Il faut pouvoir le clarifier, étant entendu que le « principe » de proximité et la connaissance du tissu économique national de la Chambre de Commerce restent avérées. Enfin l’observatoire économique consulaire, « généraliste » ou « spécialisé », outil d’aide à la décision en matière de développement économique et de promotion du territoire qu’est la Chambre de Commerce doit produire diverses études économiques générales ou sectorielles, enquêtes ou indicateurs de conjoncture pour le pays. Il est donc très important voire judicieux que le gouvernement agisse dans le sens de mieux jouer son rôle de régulateur pour disposer dans l’espace économique national des instruments viables et efficaces et ainsi accentuer le rôle de veille et de prospective économiques de la Chambre de Commerce du Gabon mieux encore celui du pays tout entier.
Président, en votre qualité de prétendant à présider aux destinées de la Chambre de Commerce du Gabon, au cas où les autres Chefs d’entreprise pourraient porter leurs choix sur votre personne. Quelle impression avez-vous de cette négligence, de ce manque d’intérêt volontaire des plus hautes autorités du pays ?
Le rôle d’interface entre les pouvoirs publics et le tissu économique dont la Chambre de Commerce est issue est très souvent mis en avant, tout comme son rôle d’appui aux entreprises – qui est également sa raison d’être devrait être palpable. La réflexion sur l’avenir de la chambre de commerce et d’industrie n’est pas une nouveauté, loin de là. Mais depuis une quinzaine d’années, il n’y a pas eu de vrais projets de réformes de celle-ci, de même que se sont succédés plusieurs griefs émanant de l’ensemble des membres de l’assemblée générale qui la constitue, laquelle a envisagé une auto-réforme sans toutefois la publier. Cette période, marquée par une intense réflexion, n’a, pour autant, pas connu la traduction concrète souhaitée pourtant par l’ensemble des intéressés. Si peut être pour le gouvernement l’institution n’est pas véritablement en crise, on ne peut cependant indéfiniment différer le temps de la réformer. Celle-ci ne pourra s’effectuer, valablement, que sur la base d’une réflexion sur les nouvelles missions que l’on voudrait assigner à la Chambre de Commerce et sur sa place dans la structuration et l’organisation du paysage économique national, tel qu’ils sont aujourd’hui. Dès lors, la réforme de l’institution qui appartient aux corps intermédiaires de l’Etat, par une revivification interne, doit aborder autant l’organisation de l’appareil et naturellement s’interroger sur ses missions, que la tutelle, le financement, l’organisation électorale qui induit la représentativité et la légitimité ne pourraient se faire qu’avec un nouveau bureau disposant de la capacité à innover.
Monsieur le Président, votre mot de fin !J
Je voudrais conclure en disant que nous devons faire comme les Chinois qui ont compris depuis de nombreuses années grâce aux réflexions prospectives poussées pour poursuivre le développement de leur économie et de leur industrie, il était vital de concevoir de meilleures stratégies et d’exposer clairement de meilleures politiques économiques. Il faudrait donc donner à la Chambre de Commerce qui a vocation à représenter les intérêts commerciaux et industriels du monde économique auprès des pouvoirs publics quels qu’ils soient, les moyens d’œuvrer à la mise en place d’un projet de croissance destinée à redonner confiance aux Gabonais, à réduire notre chômage et nos déficits et ainsi repartir vers le haut pour un Gabon conquérant. Le gouvernement qui a comme priorité aujourd’hui d’organiser les élections générales à savoir : les présidentielles, les députés, les sénatoriales et les locales gagnerait à mettre en place à la Chambre de Commerce pour l’instant une Administration Provisoire
Je vous remercie