Mouvement SEEG : Entre droit et devoir !

L’affaire des syndicalistes de la SEEG gardés à vue pour avoir appelé à la grève pour protester contre le non paiement de leur gratification à temps et leur libération le crane rasé par les militaires du B2 a fait surgir soudainement la colère, jusqu’ici contenue chez certains de leurs collègues. Afin de montrer leur solidarité ils lancent un appel à l’ensemble du personnel à se raser également la tête. Même si cet élan de solidarité peut-être jugé honorable, force est de constater que dans cet appel il y a des radicaux et des agitateurs de tous bords qui « se servent d’une cause facile ».

Grand est le bruit fait autour de la libération des leaders syndicaux de la SEEG que le CTRI a gardé pendant 3 jours à la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (DGCISM, communément appelée B2) …après leur avoir rasé le crane. Il ne s’agit pas ici de nier la légitimité pour chaque agent de dénoncer ce qui s’apparente ici à une violation des droits humains, mais de souligner à quel point est fallacieux et hypocrite de remettre la responsabilité de la crise que connaît la SEEG uniquement à l’État voir ses dirigeants.

« C’est de l’hypocrisie que venir pleurer sur quelque chose dont les syndicalistes sont aussi les responsables », assure un cadre de l’entreprise.

Oui. Les syndicalistes ont leur part de responsabilité. Ils sont tout aussi comptables de la descente aux enfers de cette société pour n’avoir pas jouer leur rôle, celui de protéger d’abord l’entreprise et ensuite les agents. Longtemps les syndicalistes se sont tus quand les différentes directions générales de leur entreprise s’amusaient à annoncer au grand public, parfois avec un certain cynisme, d’énormes déficits structurels mais sans évoquer les responsabilités à l’origine d’une telle situation.

Jusqu’à une certaine époque, aux temps glorieux du Gabon, les syndicats étaient, en dépit d’une marge de liberté très limitée, à l’affût de telles informations pour dénoncer, dans leurs réunions et par le canal des médias nationaux et internationaux, toutes sortes d’abus : mauvaise gouvernance, malversations, clientélisme, népotisme et autres.

Des syndicats alliés des gouvernants corrompus

Après 2010, les syndicats, qui ont gagné en puissance financière et humaine, ont complètement changé et sont devenus des alliés inconditionnels de leurs gouvernants.

Au nom de l’élan soi-disant révolutionnaire, les syndicalistes ont commencé par devenir des faiseurs de rois. Mieux, ils ont été rassurés – par le biais du mécanisme de la filiation et par le canal de conventions conclues, à cette fin, avec les directions de l’entreprise – de l’embauche de leurs progénitures…

Morale de l’histoire : ils sont devenus alliés de leurs directions générales pour le meilleur et pour le pire, souvent au détriment de la qualité du service public (eau, électricité).

Heureusement, il y a de l’espoir. Joël Lehman SANDOUNGOUT qui a pris ses fonctions de directeur général de la SEEG le 3 octobre 2023, n’est pas coupable des dérives constatées durant toutes les années passées. Mais il se tient droit dans ses bottes. « Nous avons une pente forte devant nous. Nous pouvons la remonter. Je crois simplement qu’il nous faut une prise de conscience collective.», a-t-il confié à Ginewsexpress.

Manager expérimenté ayant occupé des postes à responsabilité au sein de grandes structures telles que l’Agence Nationale des Bourses et Stages (ANBG) ou la Société Gabonaise de Transports Urbains (Trans’Urb), Joël Lehman SANDOUNGOUT n’a pas dissimulé l’ampleur de la tâche, ni l’urgence, pour tenter de redresser la société dont il a la charge après une année 2022 extrêmement difficile.

Dans le cadre du partage de la responsabilité face à la situation actuelle de la SEEG, marquée par des manifestations, et dans l’optique d’ouvrir des canaux de dialogue constructif, compte tenu de la volonté du Directeur général et de son engagement explicite à trouver des solutions satisfaisantes pour tous au travers d’un dialogue direct avec les syndicats, le personnel est appelé à la sagesse et à la patience en signe de bonne foi.

Ethan De Sillon

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