Categories À la une Politique

Conflit frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale : le Dr Arthur Benga Ndjeme décrypte une décision historique de la CIJ

Après plus d’un demi-siècle de tensions silencieuses, le différend frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale vient de franchir un tournant décisif. Le 19 mai 2025, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu un arrêt majeur dans ce dossier épineux, tranchant sur la souveraineté des îles Mbanié, Conga et Cocotiers. Quelques jours plus tard, le 28 mai, c’est au Charbonnage, devant un parterre de journalistes, que le Dr Arthur Benga Ndjeme, juriste renommé en droit international, a livré une analyse éclairante et sans détour de cette décision attendue.

C’est un litige ancré dans l’histoire coloniale, nourri d’ambiguïtés cartographiques et d’interprétations contradictoires, que la CIJ s’est efforcée de trancher. Selon la Cour, les trois îles disputées reviennent de droit à la Guinée équatoriale. Une décision que le Dr Benga Ndjeme qualifie de « décisive », soulignant que la mission de la CIJ « n’est pas de redessiner les cartes, mais d’interpréter la loi ».

Pour ce qui est des frontières terrestres, la CIJ s’est appuyée sur un texte fondateur. Le traité franco-espagnol du 27 juin 1900. Ce document, vestige de l’époque coloniale, demeure la seule référence juridique valable aux yeux de la Cour. En vertu du principe de l’uti possidetis juris, pierre angulaire du droit international africain postcolonial, les États doivent conserver les frontières héritées de la colonisation. « C’est un principe de stabilité, un rempart contre l’escalade », rappelle le juriste.

Sur la question maritime, cependant, la Cour n’a pas voulu imposer de solution définitive. Elle a préféré baliser un cadre juridique, une sorte de feuille de route destinée à encourager le dialogue bilatéral. « La Cour ne livre pas un verdict fermé, mais un outil de paix », salue le Dr Benga Ndjeme, qui y voit une opportunité de coopération plutôt qu’un point de friction supplémentaire.

Mais au-delà des textes et des traités, c’est un plaidoyer pour la paix que le Dr Benga Ndjeme a livré. « Le Gabon et la Guinée équatoriale sont deux pays frères. Ils partagent des familles, des routes, des ponts. Ils sont condamnés à s’entendre », a-t-il insisté, invitant les dirigeants à faire preuve de hauteur de vue.

Il a rappelé, dans une allusion appuyée à la Charte des Nations Unies (articles 2, paragraphes 3 à 6), que le recours à la force est interdit. Seul le dialogue, la négociation et la coopération régionale doivent guider les relations entre les deux pays.

Clôturant sa conférence de presse sur une note ferme mais sereine, le Dr Benga Ndjeme a expliqué que: « Le droit international ne se discute pas. Il s’applique. » Un message de rigueur, mais aussi d’espoir, dans une sous-région où la stabilité demeure fragile et précieuse.

À travers son analyse, le juriste gabonais a rappelé que la paix ne se décrète pas, elle se construit, patiemment, à la lumière du droit et dans le respect des peuples.

N. M

Please follow and like us:
Pin Share

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *