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Régies Financières: « La FECOREFI jouera sa partition », affirme son porte-parole

C’est une histoire au courant alternatif. La relation entre le gouvernement et la Fédération des Collecteurs des Régies Financière ( FECOREFI), commencée sous les meilleurs auspices semble fatalement se détériorer depuis 2014. « On ne peut gérer les Régies Financières de manière cavalière et s’attendre à des performances budgétaires surréalistes », estime Sylvain Ombindha Talheywa III, porte-parole et Secrétaire général de l’organisation syndicale. Selon lui, « l’implémentation de la performance dans le fonctionnement de nos administrations passe nécessairement par la révision de certaines dispositions du Décret n°00429/PR/PM du 24 décembre 2020, en l’occurrence l’article 8 pour le coller à la réalité et à la vision du Président de la République, Chef de l’Etat ». Dans cette interview, il lève le voile sur la situation actuelle de son secteur.

Ginewsexpress: Pouvez-vous nous présenter l’organisation syndicale dont vous êtes le Secrétaire Général, Porte-parole en quelques mots ?

Sylvain Ombindha Talheywa III: A l’entame de mon propos, permettez-moi, au nom de l’enssemble des agents des Régies Financières et au nom du Bureau fédéral dont je suis le Secrétaire Général, Porte-parole de vous remercier pour l’attention toute particulière que vous portez sur le climat qui prévaut au sein des Régies Financières.

Vous avez parfaitement compris les enjeux car, qui dit Régies Financières dit stabilité de l’Etat via la mise en œuvre des politiques de développement profitable à la nation entière par notre capacité d’autofinancement.

La Fédération des Collecteurs des Régies Financières (FECOREFI) dont je suis le Secrétaire Général, Porte-parole est née du regroupement des syndicats issus, essentiellement, des administrations collectrices des Régies Financières à savoir : les Douanes, les Impôts, les Hydrocarbures et le Trésor.

C’est au total 6 syndicats qui ont décidé de mutualiser leur force tout en synchronisant leurs actions pour, non seulement, garantir et assurer les acquis des agents de nos différentes administrations mais aussi et surtout, d’être l’interface privilégié des plus hautes autorités afin d’assurer le bon fonctionnement « des collecteurs » en se posant comme force de proposition par une action constructive.

Sylvain Ombindha Talheywa III (microphone) entouré du Bureau de la FECOREFI

Qui appelle-t-on fonctionnaire des Régies Financières ?

Aux termes des dispositions de la Loi n° 001/2005 du 4 février 2005, portant Statut Général de la Fonction Publique, le fonctionnaire des Régies Financières est un agent public, titularisé à un emploi permanent et soumis à un régime de droit public. Il y accède au grade d’agent d’assiette ou de constatation, Contrôleur ou Inspecteur, pour ce qui est des Douanes, Impôts ou Trésor par voie de concours. Après avoir subi avec succès une formation spécialisée, ce dernier prête serment afin d’agir en qualité de « puissance publique ».

A côté de ces spécialités, il y a des métiers supports (informaticiens, archivistes, etc…) qui contribuent fortement au bon fonctionnement de nos administrations.

Pourquoi la liberté syndicale est-elle importante ?

Outre le fait d’être un droit, la liberté syndicale permet aux partis engagés de se retrouver afin de garantir, d’une part leurs intérêts économiques et d’autre part les libertés civiles ainsi que les libertés individuelles et collectives. Ce principe, consubstantiel à la démocratie, est essentiel pour le respect de tous les autres principes et droits fondamentaux au travail. La norme fondamentale internationale est la convention n°87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et consacré par la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948.

La liberté syndicale offre la possibilité d’instaurer un dialogue constructif et permet de mobiliser les énergies afin d’identifier les solutions qui bénéficieront à l’unité de production et, plus largement, à la société tout entière.

Notre pays le Gabon doit s’y faire que de clamer que nous sommes un modèle de liberté syndicale qui ne l’est que sur le bout des lèvres.

Depuis plus d’un an, l’Administration et les syndicats peinent à accorder leurs violons, notamment sur les modalités d’évaluation et d’attribution de l’Intéressement Spécifique servi aux agents des administrations des Douanes, Impôts, Trésor et Hydrocarbures ; et la Prime à la Performance Budgétaire (PPB), qu’est ce qui coince ?

La réelle volonté des gouvernants à trouver des solutions pérennes aux maux qui minent les Régies Financières, voilà ce qui coince.

Rien ne peut expliquer que depuis plusieurs années nous soyons incapables d’asseoir un modèle de gestion efficace des Régies Financières. En 2017, le Gouvernement a financé une mission de Benchmarking au Maroc afin de s’imprégner de son modèle, un compte-rendu accompagné des recommandations pertinentes a été déposé sur leur table. Résultat des courses : jeter dans les poubelles.

Depuis le 13 juillet 2020, la FECOREFI réclame la publication des résultats des opérations d’audit du personnel et des primes réalisées en 2017 dans toutes les administrations bénéficiaires des primes et relevant des Ministères du Budget, de l’Economie et du Pétrole.

Nonobstant les criardes irrégularités et dysfonctionnement révélés par ces opérations d’audit qui ont mis à jour que l’Etat payait plus qu’il n’en fallait du fait d’un fichier pollué des retraités, des décédés, des doublons voire des triplons et des homonymies, les décideurs ont fait le choix de fermer les yeux et de continuer à fonctionner avec une enveloppe au-dessus des effectifs réels à payer.

Ahurissant au regard du contexte économique de notre pays, pris en étau entre crise économique et effets pervers des mesures de lutte contre la COVID-19. La première démarche de résilience face à la contraction des ressources budgétaires liée à notre situation économique aurait pu être la réalisation des économies sur cette enveloppe des primes par le nettoyage systématique du fichier.

Qu’a-t-on fait de ces résultats et des recommandations de la commission bipartite Gouvernement/Partenaires sociaux ? circulez, il n’y a rien à voir ici (rires) ! n’oublions pas que nous sommes au Gabon, pour ne pas régler les problèmes ont multiplie les commissions (rires).

Vous comprenez aisément qu’au regard de ces précédents, ceux qui ont le pouvoir de décision n’ont nullement la réelle volonté de régler le « problème Régies Financières » au Gabon. C’est certainement devenu une variable d’ajustement politique pour certains décideurs.

En juillet 2021, siégeant au sein d’un comité d’administration mis en place sur la base des décrets n°00428 et 00429 /PR/ PM du 24 décembre 2020 portant sur les primes des Régies Financières, la FECOREFI a indiqué que le comité de Coordination fait respecter à géométrie variable ces décrets. Pourquoi ?

Souvenez-vous de l’impressionnant balai médiatique des membres du Gouvernement en Janvier 2021, où chacun venait vendre son indéfectible attachement au respect de la signature du Président de la République, Chef de l’Etat.

En février 2021, au mépris des dispositions de l’article 16 du Décret n°00429/PR/PM du 24 décembre 2020 et au fallacieux prétexte de la non-atteinte des objectifs budgétaires, ces mêmes membres du Gouvernement n’ont ménagé aucun effort pour vouloir justifier, à tort, le non-paiement de la Prime à la Performance Budgétaire (PPB).

Le 24 décembre 2020, le Chef de l’Etat n’a pas seulement signé que le décret n°00429, il a également signé le décret n°00428/PR/PM portant sur les modalités d’évaluation et d’attribution de l’Intéressement Spécifique servi aux agents des administrations des Douanes, des Impôts, du Trésor et des Hydrocarbures.

Ce décret prévoit un Intéressement Spécifique en cas de dépassement des objectifs trimestriels exigible le 15 du mois qui suit le trimestre échu. Pour le cas que vous citez, c’était le 15 juillet 2021. Curieusement, ces membres du Gouvernement, bien que saisi de cette échéance depuis plus d’un mois, ont cru bon de garder le parfait silence sans daigner répondre à nos nombreuses saisines sur la question. Devant ce manque de considération de leur part, la Fédération des Collecteurs des Régies Financières s’est interrogé sur le principe du strict respect des dispositions des décrets signés par le Chef de l’Etat. L’impression qui se dégageait était qu’ils l’appliquaient systématiquement lorsque cela engendre des grincements de dents en montant les populations contre leur Chef et de trainer les pas lorsque sa signature doit donner du sourire au travailleur.

Le mois de juillet 2021 a été particulièrement sensible du côté de la FECOREFI. Entre suspension de sa participation au comité d’Administration chargé de l’application des décretsn°00428 et 00429 /PR/PM du 24 décembre 2020 et menace de grève, globalement que doit-on retenir actuellement des relations administration/syndicat ?

Ne pouvant admettre que la signature du Président de la République, Chef de l’Etat fasse l’objet d’une application à géométrie variable par ceux qui sont censés la mettre en musique et qui jouent d’ingéniosité pour ne pas la respecter, nous avons pris nos responsabilités le 28 juillet 2021, au terme d’un point de presse notifié à la Présidente du Comité de Coordination et par ailleurs Ministre de l’Economie et de la Relance, en suspendant notre participation aux travaux du comité technique mis en place par arrêté interministériel pris en application des dispositions du Décret n°00429/PR/PM du 24 décembre 2020.

Le 11 août 2021, nous annoncions clairement au cours de notre Assemblée Générale tenue à l’Esplanade du Ministère du Budget et des Comptes Publics le débrayage de tous les collecteurs si le Gouvernement ne parvenait pas à honorer la signature du Chef de l’Etat en régularisant notre Intéressement Spécifique qui se faisait attendre depuis le 15 juillet 2021 en plus des arriérés dus au titre de l’exercice 2020.

A la surprise de l’ensemble des agents des Régies Financières, le Gouvernement a honoré à cet engagement dès le 12 août 2021, ce qui a valu une reconsidération de notre position avec pour effet immédiat la reprise des travaux au sein du comité technique.

Votre mot de fin

En mot de fin, je dirais que le Gabon, NOTRE GABON, mérite tous les sacrifices pour son essor. On ne peut gérer les Régies Financières de manière cavalière et s’attendre à des performances budgétaires surréalistes. C’est effarant d’y penser et c’est faire preuve d’inconséquence que de s’y engager.

Malgré les entourloupes du Gouvernement, nous demeurons foncièrement concentrés sur notre objectif, celui de travailler pour le retour d’une accalmie et une sérénité pérenne et durable au sein des Régies Financières. L’implémentation de la performance dans le fonctionnement de nos administrations passe nécessairement par la révision de certaines dispositions du Décret n°00429/PR/PM du 24 décembre 2020, en l’occurrence l’article 8 pour le coller à la réalité et à la vision du Président de la République, Chef de l’Etat.

Le partenaire social que représente la FECOREFI ne ménagera aucun effort pour jouer sa partition afin d’assurer une optimisation efficiente de la collecte des ressources budgétaires nécessaire à la mise en œuvre des politiques de développement de notre pays, chères au Président de la République, Chef de l’Etat. Ensemble, nous y parviendrons assurément !

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