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Entretien avec l’administrateur général de Nkok, Igor Simard

Après une série de protestations lancée par les syndicats du travail et les employés de la Zone économique à régime privilégié de Nkok, qui dénonçaient entre autres des mauvaises conditions de travail et des plaintes autour de leurs salaires, l’administrateur général de l’Autorité se prononce pour nous apporter un éclaircissement.

ginewsexpress : Lors de la présentation des vœux au chef de l’État, le représentant des confédérations syndicales des travailleurs a souligné, je cite :  » Un grand nombre d’accidents de travail ont été recensés, à l’exemple de ceux enregistrés à l’intérieur de la Zone économique à régime privilégié de Nkok, où les conditions de travail sont très précaires ». Qu’en est-il exactement ? Que fait l’État devant ce constat alarmant ?*
Igor NYAMBIE SIMARD. Bien qu’il n’y ai pas eu une enquête approfondie pour déterminer par des chiffres clairs pour évaluer la situation, ces préoccupations soulevés par M. le représentant des syndicats, sont aussi celles des plus hautes autorités du pays.
C’est d’ailleurs à ce effet que l’Autorité administrative de Nkok, en collaboration avec le ministre du Travail et GSEZ, a expressément demandé des audits auprès des investisseurs installés dans la zone. Plusieurs points sont ainsi vérifiés, notamment les conditions générales et les exigences légales des contrats, la santé et la sécurité au travail comme l’évaluation des risques, EPI, les formations.
Sans oublier la sécurité-incendie, les premiers soins, le logement des travailleurs, l’hygiène et la propreté, la gestion des plaintes, celà en se conformant aux normes légales du code du travail. Cette inspection permettra ainsi de mieux encadrer les investisseurs, les sociétés mises à disposition du personnel et des travailleurs. Mais vu le nombre des investisseurs présents dans la zone, soit 69 en production, 19 en construction pour 5.000 travailleurs, les missions de contrôle sont toujours en cours.
Néanmoins, on a déjà enregistré une hausse de 44 % des immatriculations CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) lors de ce troisième trimestre. Cette forte augmentation résulte justement des opérations jumelées de contrôles employeurs et de contrôle de prévention des risques professionnels, et également des travaux de recensement et de sensibilisation des entreprises de mise à disposition du personnel, menés en collaboration avec le Bureau d’enregistrement et suivi des travailleurs (BEST) de Nkok, installé courant 2019, ayant abouti à la production d’un cahier des charges à l’endroit des investisseurs.
Et suivant cette lancée, nous avons initié l’installation d’un bureau de la CNAMGS (Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale, ndlr) au sein du guichet unique, dans le but de compléter l’offre de services gouvernementaux à NKOK, portant ainsi à 23 administrations géographiquement rassemblées le guichet unique.
Toutes ces initiatives et bien d’autres participent à une meilleure prise en compte de la question de l’emploi dans la zone.

Doit-on comprendre que la ZERP Nkok n’a pas mis en place un protocole QHSE (Qualité-Hygiène-Sécurité-Environnement) qui soit applicable à toutes les sociétés exerçant à Nkok ? Est-il fait liberté aux employeurs de doter ou pas leurs employés des ÉPI (Équipements de la protection individuelle) ?
Il incombe à chaque investisseur de s’aligner sur les normes légales du Code du travail ; notamment sur les normes QHSE qui fait état du port obligatoire des ÉPI et l’évaluation des risques en entreprise. D’un point de vue fiscalo-dounier, la Zone économique à régime privilégié de Nkok est une zone extra-territoriale. Mais en ce qui concerne le Code du travail il n’existe pas d’extraterritorialité.
Aussi, nous avons organisé un séminaire avec la direction générale de la santé et de la sécurité au travail et la direction générale du Travail sur les normes au travail et de la sécurité. Un séminaire qui s’est tenu en français et en anglais afin que chacun puisse saisir la portée et l’importance capitale des dispositions du Code du travail gabonais. Ainsi, nous avons convenu de multiplier les actions de sensibilisation et/ou de contrôle, autant à l’attention des investisseurs que des sociétés de mise à disposition du personnel, en accord avec le principe de coresponsabilité. Nous avons établi un calendrier de mise en conformité pour cette année 2020.

L’autre récrimination des travailleurs porte sur les salaires payés. M. MVE MBA du CAPPE parle de précarité dans les rémunérations, de disparités importantes entre nationaux et étrangers et autres griefs. À ce sujet, que répond l’administrateur de la ZERP de Nkok ?
D’après les contrôles qui ont été fait le salaire minimum de 150.000 est généralement respecté par les investisseurs. Et pour occuper un poste hiérarchique plus important il est nécessaire que nos compatriotes ait été formés aux métiers du bois. Et c’est une préoccupation qui, d’ailleurs va dans les ambitions du gouvernement qui a prévu l’ouverture prochaine du Centre de formation professionnel dit « Avic », dans l’optique de revaloriser les compétences des travailleurs gabonais et leur permettre d’occuper des postes de cadres. Car si beaucoup de nationaux jusqu’à leur à des postes d’exécution c’est par manque de formation initiale. Pour les investisseurs l’expatriation économique coûte plus cher que l’embauche locale. C’est pourquoi les investisseurs désirent recruter plus de travail locaux. On totalise plus de 94% de main-d’œuvre locale, c’est dire le progrès qui a été fait en quelques années.

Les disparités salariales demeurent tout de même, Monsieur l’administrateur…
Concernant les inégalités salariales entre expatriés et gabonais de même catégorie professionnelle, ce sont des affirmations que nous pouvons pas valider car nous ne cautionnons pas de traitements inégalitaires.
Je voudrais bien insister sur le fait que le gouvernement gabonais est très soucieux du respect des droits fondamentaux de l’Homme dans la question du droit du travail. Le gouvernement, enfin, se réserve le droit d’ester en justice toute personne qui tenterait de nuire à sa réputation par voie de déstabilisation.

Partout ailleurs les zones économiques restent compétitives parce que les facteurs de production, dont la main-d’œuvre, coûtent moins cher. Comment comptez-vous concilier l’impératif de rendre la ZERP de Nkok compétitive et honorer les exigences du code du travail qui commandent de relever les rémunérations des travailleurs ? Comment surmonter ce dilemme ?
Toutes les zones n’ont pas nécessairement le même fonctionnement, et les clés du succès d’une zone ne s’appliquent pas forcément à une autre. Au Gabon, quatre critères non exhaustives orientent les décisions prises par les investisseurs.
Le premier critère est la stabilité politique; le deuxième, la solidité industrielle du projet Nkok; le troisième, la disponibilité de la matière première et le quatrième les incitatifs fiscaux. Il y’a également le coût des matières premières qui est très attractif. Ainsi bien que les cultures d’origine des investisseurs offrent une plus grande flexibilité du travail, le Code du travail gabonais n’a pas constitué un obstacle à l’investissement.

 

La rédaction/Source l’Union

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