Un téléphone et une connexion Internet peuvent suffire. Pour le médecin, comme pour le patient, un lien essentiel. La vie n’est pas virtuelle.
Avec le soutien de la Fondation Pierre Fabre, Cheick Oumar Bagayoko annonçait en juillet dernier le lancement d’un DU en télémédecine ou e-médecine. Cette innovation trouve en Afrique une application évidente. Les populations les plus isolées, hors d’atteinte des unités médicales, peuvent ainsi bénéficier de soins grâce aux informations transmises au médecin de terrain.
A l’origine du projet, ce médecin malien est un précurseur. Depuis 1999, il s’est battu pour que la discipline trouve sa place dans le paysage africain. Une époque difficile où les seules disciplines pratiquées étaient l’obstétrique et la médecine générale. « Nous, ce qu’on voulait, c’était changer le quotidien des médecins de brousse, qui se plaignaient de désapprendre et d’être trop isolés. Internet nous semblait être le meilleur moyen », explique-t-il. La suite sera pour beaucoup affaire d’obstination et d’oreilles attentives. Celle d’un médecin suisse pour commencer, qui l’aide dans le soutien de sa thèse, puis l’écoute d’un général, futur président, Amadou Toumani Touré (ATT). Les portes s’ouvrent et le travail commence.
Aujourd’hui son Réseau en Afrique francophone pour la télémédecine (Raft)réunit plusieurs milliers de praticiens dans 19 pays sur le continent. Mais il fournit aussi des cours et des formations pour des médecins coupés des structures spécialisées. Grace à cette plateforme, ils peuvent demander le soutien de spécialistes, partout dans le monde. Un téléphone portable et une connexion Internet suffisent.
Cette formation, qui débute ce premier trimestre 2019, va concerner trente médecins. Elle durera une centaine d’heures et n’aura demandé à la Fondation Fabre qu’une (modeste) contribution de 50 000 euros. Dès l’obtention de leur diplôme, les stagiaires seront à même d’intervenir. Une bonne connaissance du milieu est donc indispensable, de même qu’une capacité à bien assimiler l’outil. Le coût de la formation devrait être de 500 à 1000 euros, et 70% des professeurs intervenants seront africains. Au plus près des réalités et des besoins.
La rédaction