Longtemps considéré comme une maladie » mystique « , la drépanocytose bénéficie aujourd’hui des progrès de la médecine génique. Le professeur Alain Ondo en a expérimenté au Gabon. Et les résultats sont là.
Depuis 37 ans qu’il fait ses recherches sur la drépanocytose, le professeur Alain Ondo aura tout entendu au sujet de cette affection. Et tout vu aussi. Il est un temps où les malades n’avaient qu’une espérance de vie limitée à l’adolescence, victimes disait- on des pratiques mystiques. Mais la lutte contre cette pathologie a considérablement évolué. La prévention des risques est bien connue, de même que le traitement en cas de crise et le recours aux transfusion en cas d’anémie profonde. Mais on va plus loin désormais. Il y’a quatre ans le professeur Ondo, au sein de sa fondation, a eu recours à la voie génique. << En pratique, il s’agissait de prélever une cellule souche au niveau du placenta, une copie normale d’un gène de l’hémoglobine réintroduite ensuite dans son organisme. Un traitement réservé aux enfants de moins de 15 ans>> , explique – t- il. << Quatre ans plus tard, le patient se porte bien et produit 80,5% d’hémoglobine normal.
Selon l’OMS, 300.000 enfants naissent annuellement dans le monde avec une anomalie majeure de l’hémoglobine, dont la plus fréquente est la drépanocytose. Chaque année, au Gabon, ils sont ainsi 200 nouveaux nés à présenter ce syndrome drépanocytaire. Les globules rouges de l’homozygote ne contiennent pratiquement que de l’Hbs( hémoglobine s pour Sickle- celle disease). Pour conséquences, de possibles occlusions au niveau des artères, des accidents cérébraux, mais aussi une grande fragilité des globules rouges, donc de l’anémie, retard de taille, carence alimentaire et une résistance moindre a toutes les infections. A commencer par les attaques paludiques. Des symptômes que la petite Michelle a connu. Le professeur Alain Ondo a été le premier à mettre en corrélation la drépanocytose et le paludisme, conclusion reconnue par la communauté scientifique internationale.
Outre la voie génique, le professeur Ondo a développé des traitements spécifiques. En laboratoire, le sang prélevé est étalé sur des lamelles en vue de détecter les malformations héréditaires de l’hémoglobine. Confirmation faite, des traitements sont prescrits pour empêcher l’anémie et lutter contre les crises. Deux médicaments issus de ses laboratoires sont utilisés dans sa fondation. Le Mbe( contre l’anémie) et le mayusin(contre les crises drépanocytaires).
Depuis le début de son traitement en 2012, Michelle se porte bien. Âgée aujourd’hui de 14 ans, elle ne connaît plus de crises. Nul besoin d’autres médicaments ou d’être transfusé. jusqu’ici les traitements, la transfusion, l’hygiène de vie étaient les seuls remèdes pour soulager la drépanocytose. Cette nouvelle thérapie est donc un espoir pour des millions de patients. La thérapie génique a ouvert une nouvelle voie. Et elle semble tenir ses promesses.
Moores