Ce 22 juillet à Libreville, le vice-président de l’Union nationale Raphaël Bandega Lendoye au cours d’une sortie autour de la presse nationale et internationale, a attiré l’attention des Gabonais «soucieux du respect des lois et des règles démocratiques», sur les graves dérives que le report des mandats des institutions pourrait occasionner dans la gestion publique du pays, si l’on n’y prend garde.
Cette sortie intervient après le prolongement des mandats des membres de l’Assemblée nationale et du Conseil national de la communication par la Cour constitutionnelle, sur la base des conclusions du dialogue politique d’Angondjé. Cette donne envisagerait la probabilité d’une succession d’entreprises similaires pour d’autres institutions tel que le Conseil économique et social est grande, craint l’Union nationale. «L’article 4 alinéa 4 de la Constitution ne s’applique qu’aux institutions pourvues par élection (président de la République, députés, sénateurs, membres des conseils locaux) et non à celles qui le sont par nomination, comme le Conseil économique et social ou le Conseil national de la communication. Ces deux institutions sont soumises chacune à leurs lois organiques respectives», a rappelé le vice-président de l’Union nationale.
D’où, il s’est voulu pédagogue en condamnant l’attitude de la Haute juridiction de s’être appuyée sur les conclusions d’un dialogue politique pour passer outre les dispositions légales de la loi fondamentale. Et en s’appuyant sur la hiérarchie des textes qui enseigne que les textes législatifs sont supérieurs aux textes réglementaires et que les lois organiques qui régissent l’organisation et le fonctionnement des institutions et qui complètent la constitution sont en valeur, supérieures aux lois ordinaires, l’Union nationale affirme que «ni le texte de convocation du dialogue dit inclusif d’Angondjé, ni les conclusions sous la forme des propositions qui en découlent ne peuvent justifier la modification des textes de loi qui régissent le statut des institutions concernées». Face à cette situation, l’Union nationale interpelle sur les risques de transformation de la «crise politique» dans laquelle le pays est empêtré depuis belle lurette à une «crise de régime» dans laquelle la Cour constitutionnelle joue un «rôle dominant», à travers des décisions de prorogation des mandats des institutions. De ce fait que pour l’union nationale, cette situation laisserait les mains libres au pouvoir exécutif pour «agir sans contrôle tant les membres bénéficiaires de sa mansuétude auront conscience de leur illégitimité».
Et d’affirmer que «Ces diverses prorogations sont destinées à manipuler l’opinion en vue de s’imposer à terme par la présence, et faire vainement oublier la formidable sympathie des Gabonais en faveur de la Coalition pour la nouvelle République au sein de laquelle s’inscrit l’Union nationale», avant de conclure «qu’aucun dialogue politique destiné à accroître le pouvoir de celui que les urnes ont battu ne peut engager des réformes durables».
Edouard Dure