Affaire achat de la SNBG: GSEZ tente une riposte (très) bancale

GSEZ (Gabon Special Economic Zone) a publié ses réponses aux révélations de la récente enquête parlementaire sur l’achat controversé de la Société Nationale des Bois du Gabon (SNBG) pour la somme symbolique de 1 millions de francs CFA. Avec des arguments qui ne font que mettre le feu aux poudres.

Depuis les révélations de l’enquête parlementaire sur le rachat de la SNBG pour la somme symbolique de 1 millions de francs CFA, GSEZ se retrouve prise dans une tempête médiatique qui ne semble pas prête de se calmer.

L’enquête parlementaire révèle t-elle une procédure d’acquisition frauduleuse de la SNBG en 2018 ? « Des rumeurs mensongères et des déclarations inexactes », tranche GSEZ dans un communiqué parvenu à Ginewsexpress.

Pour tenter de démystifier les « informations » circulant sur les réseaux sociaux, GSEZ pense avoir trouvé un axe de riposte: s’attacher les services de certains médias locaux pour pondre des articles aux antipodes de la déontologie journalistique et jeter le doute sur l’ensemble de l’enquête parlementaire.

Dans un communiqué, GSEZ admet avoir acquis la SNBG pour le prix symbolique de 1 million de francs CFA, tout en soulignant les dettes colossales de l’entreprise et la nécessité de sa restructuration. Mais les justifications de GSEZ ne répondent qu’à moitié aux interrogations.

1. Le faux argument du montant total des dettes de la SNBG
Ce que dit GSEZ

Le communiqué de GSEZ fait valoir que les importantes dettes évaluées à plus de 30 milliards de francs CFA, la crise de liquidité, l’absence d’autres offres compétitives justifient le rachat de la SNBG à un pris symbolique. Sauf que, ces éléments n’expliquent en rien pourquoi la transaction n’a pas été mieux encadrée ou soumise à un contrôle plus strict, en particulier lorsque des milliards de fonds publics sont en jeu.

2. POURQUOI C’EST TROMPEUR

L’argumentaire tente ici de déplacer le débat. Il est vrai que les informations publiées jusqu’ici portent sur les raisons de l’acquisition de la SNBG à un prix dérisoire, mais l’on se demande pourquoi au lieu de s’expliquer devant les enquêteurs parlementaires, GSEZ a choisi de la communication publique. C’est cette stratégie qui pose question.

Quand il y a une crise, il y a différents types de stratégies à mettre en oeuvre pour y faire face. La stratégie du silence, du refus ou encore de la reconnaissance de l’erreur. C’est en partie la dernière stratégie, celle de la reconnaissance de l’erreur, que GSEZ a employé. Mais il y a un hic dans ce cas précis : quand on choisit cette option, on prend acte de l’erreur commise, et on annonce qu’une série d’actions a bien été prise. Or ce qu’a fait GSEZ, c’est admettre l’achat de la SNBG à un prix symbolique tout en essayant de justifier cette action dans une communication prise en urgence et qui a été mal reçue.

En effet, la publication de ce communiqué, accompagnée de ce qui semble être une campagne d’arrosage médiatique pour en amplifier la portée, ne fait qu’accentuer le sentiment de méfiance et démontre que l’enquête parlementaire a touché au bon endroit.

Ce qui choque davantage, c’est que GSEZ ait préféré ce communiqué de presse pour « clarifier » la situation plutôt que de fournir les documents et les justificatifs nécessaires devant la commission d’enquête parlementaire. En refusant de coopérer pleinement avec les enquêteurs, GSEZ donne l’impression de vouloir contourner les procédures officielles et de se soustraire à un examen rigoureux, sauf que le board de cette entreprise doit impérativement comprendre que le pays a changé.

Plusieurs questions demeurent sur la stratégie de communication de GSEZ , après la déflagration causée par l’enquête parlementaire.

Si, comme le suggèrent certains membres de la société civile, GSEZ a retenu des informations importantes au moment de l’enquête, cela constitue une violation grave, d’autant plus que les déclarations faites sous serment sont soumises à des sanctions légales. Ce manque de transparence renforce l’idée que GSEZ n’a pas agi dans l’intérêt public, mais plutôt pour ses propres bénéfices. Pour être plus précis, ceux de l’ancien régime.

Le communiqué de GSEZ, loin de dissiper les doutes, les amplifie. En choisissant la voie de la communication publique et en arrosant les médias d’argent pour faire passer leur message, GSEZ a non seulement échoué à clarifier les faits, mais a également montré un mépris évident pour les procédures en vigueur et le respect de la transparence. Les citoyens et les organisations de la société civile attendent toujours des réponses claires et officielles, non des tentatives de justification dans les médias.

La véritable clarification de cette affaire doit venir des instances légales et parlementaires, et non d’une campagne de communication déconnectée de la réalité.

La rédaction

Please follow and like us:
Pin Share

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *