Mauvaise passe pour le foot féminin au Gabon. Depuis des années, la pratique est incapable de prendre son envol. Sorties du terrain, salement taclées, en crise de confiance, la team est à reconstruire.
Verra-t-on un jour le bout du tunnel ? Alors que le foot féminin s’est développé sur tout le continent, que le Cameroun, le Ghana, la Centrafrique, le Nigéria, ou même le Lesotho, pour ne citer qu’eux, vont s’affronter fin novembre dans une 13ème édition de la CAN, qu’en est-il du Gabon? Autant le dire, le pays ne participera pas à la fête. Depuis des lustres, l’équipe féminine vit dans une extrême précarité. Et ce ne sont pas les plans de restructuration qui ont manqué, pas plus que les subsides accordés par la FIFA. Des sommes colossales dont personne ne peut dire quelles poches, elles sont venues remplir. Dans un tel état des lieux, rien d’étonnant, en 2014, d’avoir vu les Panthères disparaître des écrans. Et tout aussi grave, aucun championnat national figurer au calendrier. Pas de championnat, pas d’équipe, silence radio !
Passons ici sur les rumeurs qui circulaient sur les choix amoureux des joueuses et de leur encadrement. Ancienne footballeuse, Peggy Lucie Auleley dans une interview à Afrik-Foot fustigeait ces mœurs et conseillait de « promouvoir des valeurs (…) et donner des responsabilités aux gens qui craignent Dieu. J’ai quitté le milieu du sport à cause des mauvaises pratiques, qui entouraient nos activités, notamment le lesbianisme et la corruption. » Absentes du terrain et trop bruyantes au vestiaire, que pouvait-on donc attendre de ce team ?
La relance de la pratique dans les ligues, les moyens financiers et matériels consentis, la formation d’entraîneurs pouvaient permettre d’entretenir quelques espoirs. D’autant que les championnats locaux commençaient à mobiliser de nombreuses équipes, à l’image de la Nyanga et de l’Estuaire. Des joueuses de premier plan, comme NaniMapangou évoluant
en ligue professionnelle en France et Ornella Etoua, professionnelle en Guinée
Equatoriale, pouvaient enfin servir de locomotives. Mais était-ce suffisant ? En janvier dernier, l’association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) a jugé bon de repartir au front. Des rencontres ont été organisées avec les joueuses de l’USTM et Missile FC. De l’avis général, les participantes sont pleinement réceptives et veulent enfin « être considérées à l’égal des hommes, qu’il s’agisse de la promotion et de la formation, comme de l’après carrière. »
Candidat à la présidence de la Fegafoot, Blanchard Andoume en a fait aussi l’un de ses objectifs premiers. Traitement longitudinal. Il s’appuie sur le soutien aux scolaires, la mise en place d’un centre de formation « Sport et études », un soutien annuel et matériel aux clubs, une formation pertinente des cadres techniques et des joueuses élites. « Il est également urgent que le championnat national élite soit remis sur pied et que les différentes équipes féminines, selon les catégories, puissent rivaliser avec les meilleures équipes continentales. » Quant au financement, il doit être pour partie assumé par l’Etat et l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS), mais aussi grâce aux sommes allouées par la FIFA et les sponsors comme Adidas. Et de souligner toute l’importance des acteurs privés en termes de communication. Revaloriser l’image, rendre le foot féminin plus proche du public, lui donner sa fierté. Le fond et la forme.
The Moores