Scandale: le Maire de Mandji brade un cimetière ancestral et culturel

Le maire de la ville de Mandji, chef-lieu du département de Ndolou dans la province de la Ngounié, Mougoula Benoît Jacquard a délivré des certificats de vente d’un terrain au quartier Sangala. Problème : le terrain est situé dans le cimetière Mabanga. Un site historique, ancestral et hautement culturel du Gabon.

Avec la complicité du Maire de Mandji, Dame Ogoula Orema construit frauduleusement sur le cimetière Mabanga

C’est le lotissement de la discorde dans la ville de Mandji . Dame Ogoula Orema Pamela Elina, avec la complicité du Maire de la commune, a engagé des travaux de construction sur une parcelle de plus de 851 m2. Problème : le terrain est situé sur un cimetière ancestral, patrimoine à la fois culturelle et traditionnel où reposent des corps de disparus et de nombreuses reliques.

« Il y a un malaise », soupire Marie Louise Dibounga. Cette descendante de ceux qui reposent dans le cimetière Mabanga se désole de la situation. Sur place, les travaux de construction ont été menés. Il suffit de se promener autour du cimetière pour s’en rendre compte. En dépit de nombreuses oppositions, le maire et sa complice sont clairement passés en force, sans aucune autorisation de construire. Des éléments graves qui peuvent aboutir à l’ouverture d’une enquête pour népotisme et ingérence dans les affaires publiques.

« Il y a un passage en force »

En effet, Marie Louise Dibounga s’oppose à la Mairie de Mandji ayant délivré et certifié frauduleusement des ventes de terrain sur le cimetière Mabanga, qui figure sur la carte de la ville. Objectif : l’arrêt immédiat des travaux sur ce secteur. « Le lotissement est en zone d’intérêt général », fait-elle savoir.

« J’ai saisi toutes les autorités provinciales ( gouverneur, préfet, commandant de brigade, direction provinciale de l’urbanisme, chef de service du cadastre etc.), pour leur expliquer la situation. Pour des raisons historiques, la ville possède un droit de regard sur ce terrain. De ce fait, le maire ne pouvait pas autoriser la construction d’habitations sur ce site », ajoute-t-elle.

Soutenue par les populations environnantes, Marie Louise Dibounga a lancé une pétition ayant déjà recueilli plus de 235 signatures.

Vers une solution ?

Aujourd’hui, Marie Louise Dibounga se dit prête à attaquer la municipalité.  » Il faut absolument que cet espace ancestral soit sacralisé », déclare-t-elle.

À propos du cimetière Mabanga

Le cimetière de Mabanga est un site historique, ancestral, culturel où sont enterrés de nombreux esclaves, des « chefs de terres », qui étaient considérés à l’époque comme des rois, des familles autochtones et des expatriés, principalement des nigériens. Il est gage de notre tradition.

Pour rappel, Mandji était un poste de contrôle administratif, appelé communément PCA, qui couvrait toute la partie sud du Gabon jusqu’à la province de l’Ogooué-Lolo. Bien qu’ayant connu des passages successifs de postes de contrôle à district commune de plein exercice, cette localité a servit autrefois comme grand centre commercial. C’était notamment un centre négrier. Ainsi, les esclaves qui devaient rallier Port-Gentil après leur capture, étaient embarqués pour emprunter la route des négriers jusqu’à Mandji, le point où ils étaient rassemblés pour rejoindre le Fort Môle, ancienne capitale du Gabon. Ceux qui mourraient avant cette transaction étaient enterrés dans le cimetière de Mabanga. Le combat mené par Marie Louise Dibounga, est pour la sauvegarde de notre mémoire collective. Le cimetière de Mabanga doit être considéré au même titre que celui de Gorée au Sénégal. Il peut donc faire l’objet de reconnaissance de patrimoine mondial par l’UNESCO.

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